Le graphique qui suit, tiré d’une Policy Note de septembre 2015 de Bruegel, le think-tank bruxellois, montre le pourcentage des ménages de différents pays européens qui sont propriétaires de leur logement selon un classement par niveau de revenu (graphique de gauche) ou par patrimoine (de droite).

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On y retrouve qu’en Allemagne, la plupart des ménages (et pas simplement les ménages du bas de l’échelle des revenus ou des patrimoines) préfèrent louer qu’acheter leur logement. La France a également un taux de propriété plus bas que par exemple l’Italie et surtout l’Espagne, mais davantage en proportion pour les bas revenus. Pour la France, parmi les 40% des ménages avec le patrimoine le plus bas, moins de 10% sont propriétaires de leur logement. C’est beaucoup moins vrai en Espagne et en Italie.

Cela a deux conséquences, la première étant bien relevée par la note en référence :

  • Une politique monétaire de taux bas – ce que fait pour d’évidentes raisons la BCE en ce moment, politique qui a pour effet tout aussi évident de faire grimper le prix de l’immobilier, ou de l’empêcher de chuter –, est une politique anti-distributive, au bénéfice des classes aisées.
  • La politique du logement conduite en France – si on peut parler de politique – a depuis trois ou quatre décennies comme conséquence de faire croître la rente foncière dans les grandes villes. Là encore, les effets redistributifs sont massifs, et dans un sens qui accroît l’inégalité des patrimoines. Comme l’expérimentent de nombreux jeunes ménages aujourd’hui, y compris parmi les classes moyennes, la location est une trappe patrimoniale, puisqu’elle empêche désormais, du moins dans les métropoles, d’accéder à la propriété. Et il s’agit d’un levier de richesse pour les patrimoines les plus élevés… ainsi que leur descendance. Et on sait désormais que toute politique visant à contrevenir à ces effets via l’instrument des revenus (par exemple, des aides aux locataires, ou des aides aux propriétaires qui mettent en location) – et non en libérant l’offre de logements –, ne fait, par le jeu de l’équilibre du marché, qu’accroître le niveau de la rente foncière.