Après plus de 50 ans de dérive (4 à 5 générations !), les habitudes, pour parler des mauvaises, sont prises, ancrées. Le lien social est rompu. La confiance a disparu. La question qui se pose à la foule, à l’opinion, à nous, à chaque individu de la société civile est : « Et moi dans tout ça ? Que puis-je faire ? »

L’ordre moral est complexe. Il est constitué de trois composantes qui se déclinent et s’articulent autour de trois axes. Les trois composantes sont :
– la morale, que l’on qualifie d’universelle mais qui n’est pas mondiale ;
– l’éthique « identitaire » qui est un facteur structurant de la culture du manager ;
– le code ou la charte de déontologie qui, au niveau des entreprises, est un lien social vertueux.

Les trois axes ou dimensions de l’univers éthique du capitalisme, comme nous l’avons écrit avec Jean-Jacques Pluchart dans notre chapitre consacré à ce thème dans l’ouvrage collectif du cercle Turgot Repenser la Planète Finance (Eyrolles, 2009), sont :
– les systèmes régulateurs (lois, règles et normes…) et autorégulateurs (valeurs, règles du jeu…) ;
– le modèle de gouvernance sociale, sociétale et gouvernementale qui impose la contribution à la triple bottom-line des 3 P (Profit, People, Planet) ;
– les principes éthiques déclinés sous forme de codes et chartes.

Notre conviction est la suivante : ce système complexe est inter relié, aucune dimension ou composante n’est suffisante en soi pour refonder un capitalisme acceptable par la société civile. Attendre également que tout évolue en même temps relève de l’utopie. Il faut pourtant sortir des sentiers obscurs sur lesquels avance la crise. La déontologie, en tant que bonnes pratiques et règles du jeu, doivent contribuer à restaurer la confiance. Mis au service de valeurs, charte ou code de déontologie peuvent jouer un rôle clef. La 8e directive européenne ne s’y est pas trompée puisque favorisant l’émergence de codes de déontologie pour les professions financières (auditeurs, commissaires aux comptes, agence de notation, analystes financiers…).

Qu’observons-nous au niveau des entreprises ? Systèmes de valeurs et codes de déontologie apparaissent souvent sous forme déclarative. Certaines utilisent même trois outils disponibles, comme le mentionne Daniel Bacqueroët, président de la DFCG : les SI, le contrôle interne et la signature conjointe des comptes. Ces outils sont du domaine technique. Leur mise en place demeure insuffisante pour donner au dispositif  la maturité suffisante au corps social de l’entreprise et permettre de drainer l’ensemble des personnes de l’entreprise devant agir avec un comportement éthique. Il faut travailler sur les pratiques et les postures. Pour renforcer le dispositif, charte et code permettent de renforcer l’éthique du capitalisme au niveau de l’entreprise en lui conférant une valence comportementale.

En ce sens, l’initiative de la FNCD à laquelle s’est jointe la DFCG est un pas prometteur pour l’ensemble des dirigeants salariés. La famille des financiers dispose d’un statut particulier de gardien du temple. Ce statut se voit renforcer par ce ralliement et les missions qui y sont attachées nécessitent d’approfondir et affiner certains points de la Charte de déontologie des dirigeants salariés, remise à Brice Hortefeux, ministre du Travail, des Relations sociales, de la Famille et de la Solidarité, le 6 mai au Panthéon. C’est la raison pour laquelle la DFCG a lancé un groupe de travail sur ce thème et vous invite à le rejoindre. Si vous êtes intéressé, contactez Raphaël Ozier ou François-Xavier Simon.
Nous vous tiendrons informés de nos réflexions et avancements dans de prochains articles sur ce blog.

François-Xavier Simon