Il est rare qu’un graphique dispense autant d’informations de façon si ramassée. Celui-ci fait figurer l’évolution du prix de l’électricité selon ses différentes sources en fonction de la capacité de production totale installée dans le monde. Il provient de The World in Data, une initiative formidable sans but lucratif, lancée par l’Américain Max Roser, et qui a acquis désormais une large audience à l’occasion de la crise Covid parce qu’elle a su présenter les chiffres les plus efficacement à jour sur la diffusion du virus.

 

On y voit :

  • le coût de l’électricité (par MW/h) produite par les renouvelables, vent et soleil, est désormais plus bas que le coût venant du charbon. Il s’agit d’un coût actualisé de l’énergie ou Levelized Cost of Energy qui prend en compte le coût complet sur la durée de vie de l’équipement.
  • les capacités installées tant du photovoltaïque que de l’éolien terrestre dépassent désormais celles du nucléaire, et s’approche du quart de la capacité installée pour le charbon.
  • l’effet de l’échelle de production est majeur pour les renouvelables. On montre que le coût du watt solaire a décru de …% par an depuis …, une nouvelle loi de Moore qui s’est mise en marche.
  • Ces effets d’échelle ne jouent plus pour le charbon et moins encore pour le nucléaire, dont le coût est devenu prohibitif, dans l’état actuel de la technologie et avec les normes de sécurité qui désormais l’accompagnent.

Le coût actualisé de l’énergie est bien sûr une mesure incomplète. Il faudrait pour le solaire et l’éolien prendre en compte le coût lié à l’intermittence, mais à l’inverse pour le charbon, le coût de dégradation de l’environnement.

Mais la direction est bonne. Il y a donc bien un miracle des renouvelables.

Et ce miracle, auquel peu de gens croyait il y a 15 ans appelle réflexion. Au fond, la technologie n’est guère nouvelle (les moulins à vent datent au moins du 12e siècle, les turbines du 19e siècle et la génération électrique à partir de plaques de silicium vient des années 1950) et au mieux les progrès ont été incrémentaux. Ce qui a été décisif, ce sont les effets d’échelle permis par une production de masse. Il a fallu une intervention publique majeure pour les investissements initiaux sans rentabilité immédiate. C’est cette intervention qui a permis les effets d’échelle dont on profite à présent et ceci de façon désormais autonome.

La même chose est en train d’advenir pour les batteries, là encore avec des fortes aides publiques, comme le montre le graphique qui suit.

 

 

 

 

Cet article a déjà été publié sur Vox-Fi le 15 septembre 2021