La science économique traditionnelle considère que la rentabilité est fonction du risque. Cette idée peut s’appliquer à l’économie territoriale et, partant de là, aux stations balnéaires françaises. Cette problématique n’est pas anodine. On a beaucoup vu en effet ces dernières années se développer l’idée selon laquelle un territoire devait se spécialiser dans un secteur pour pouvoir bénéficier de ressources communes (en termes d’infrastructures, de main-d’œuvre…).

 

Dans le cas d’une commune, la rentabilité peut se mesurer comme la somme des bénéfices des entreprises implantées sur son territoire (liées au tourisme ou pas) et de l’excédent budgétaire courant de la municipalité. Le risque se mesure comme la variabilité de cette somme.

 

Il apparaît clairement que, comme l’indique l’analyse économique, le risque est une fonction de la rentabilité. Ainsi, une station balnéaire haut de gamme hyperspécialisée dans le domaine du tourisme va voir ses revenus augmenter sans doute plus vite que ses coûts. Mais elle devient aussi de plus en plus vulnérable aux chocs extérieurs potentiels :

  • Arrivée de nouveaux concurrents (en particulier venus des pays émergents avec la baisse tendancielle du coût du transport aérien via les compagnies low cost) ;
  • Changement de goûts des consommateurs (engouement pour le tourisme urbain, pour le tourisme historique…) ;
  • Evénement climatique extrême (marée noire, tempête…).

 

Or, plus ces risques deviennent prégnants, plus la commune engagée dans une stratégie économique de moyen terme doit déplacer le curseur vers un moindre risque, quitte à ce que la structure économique du territoire devienne moins spécialisée et, par là même, un peu moins performante. Typiquement, il devient rationnel pour une station balnéaire de réserver des espaces à des bureaux, et non plus seulement à des résidences secondaires, des hôtels, des restaurants, etc. Finalement, le défi est double :

  • Conforter ses avantages concurrentiels en matière touristique (développer les infrastructures de transport, maintenir un parc hôtelier de qualité, défendre les paysages naturels, mettre en place des animations…) ;
  • Développer des activités non touristiques (ouvrir un parc d’activité par exemple) qui doivent bénéficier des espaces libérés.

 

C’est, dans le contexte économique contemporain, le couplage de ces deux politiques qui permet à une station balnéaire d’assurer un développement pérenne et continu.