La situation de la zone euro s’est compliquée avec la démission de Jurgen Starck et les propos d’Angela Merkel sur les possibilités d’aides qui seraient données aux banques allemandes en cas de défaut de la Grèce. Immédiatement, les rumeurs ont enflé vendredi sur la situation de la Grèce avec comme point d’orgue la possibilité d’une sortie de la Grèce de la zone euro. Les rumeurs allaient bon train vendredi après midi.

La démission de Starck reflète les tensions qui existent au sein de la BCE sur les mesures à prendre pour stabiliser la situation de la zone euro. Les achats de dette par la BCE sont au cœur des tensions. Starck s’y était opposé. Il représentait la vision la plus conservatrice que l’on puisse trouver. Son départ peut changer la donne surtout s’il est remplacé par Joerg Asmussen qui paraît plus pragmatique et moins dogmatique. Ce changement peut permettre de donner des degrés de liberté supplémentaires à la BCE dans son travail de régulation en Europe. Cela faciliterait alors le transfert des risques des marchés vers la BCE.

Vendredi, le G7 finance se réunissait à Marseille. On pouvait espérer une réponse claire pour tenter de calmer les tensions. Cela n’a pas été le cas. Le communiqué de presse ne donne pas d’orientations limpides. Les initiatives de chacun des pays (plan emploi aux USA, mesures adoptées le 21 juillet en zone euro, reconstruction au Japon) sont énoncées. Cependant, l’objectif doit être aussi la consolidation budgétaire. C’est une sorte de réédition de la Rilance évoquée par Christine Lagarde lorsqu’elle était ministre de l’Économie en France. Mettre en œuvre des réductions budgétaires significatives et attendre une bonne tenue de la croissance est illusoire. Pour que cela fonctionne, il faut qu’il y ait une variable sur laquelle il puisse y avoir un ajustement. Pour l’instant, en Grèce et en Angleterre, l’ajustement est passé principalement par l’activité.

C’est généralement une variable financière qui s’ajuste très fortement, souvent le taux de change pour permettre à l’économie en question de retrouver une nouvelle compétitivité. Sans ajustement de ce type – sur le change les variations sont très rapides – il faut que les comportements changent pour éventuellement s’adapter à une nouvelle donne fiscale. Cela prend du temps et généralement cela se traduit par un fort repli de l’activité. Et cela ne signifie pas qu’après le repli de l’activité, la trajectoire suive celle du rééquilibrage budgétaire.

En outre, si tous les pays industrialisés mettent en œuvre, tous au même moment, une stratégie fiscale restrictive, la seule source de croissance serait alors celle des pays émergents. Peut-on uniquement s’appuyer dessus ?

Ce communiqué ne donne pas le sentiment de prendre la mesure des inquiétudes qui se dessinent sur les marchés et susceptibles de fragiliser la construction de la zone euro. Où est la déclaration politique qui aurait pu accompagner ce communiqué pour bien redire la nécessité de la construction monétaire européenne. Où sont les déclarations politiques du week-end pour redonner de l’allant à ce qui s’est construit en Europe et qui reste toujours fragile ? On peut avoir le sentiment que face aux incertitudes, chacun hésite à se prononcer afin de ne pas être contredit par un environnement qui change très vite. Le silence assourdissant d’une absence de déclaration commune entre la France et l’Allemagne, ce week-end, peut être préoccupant.