Lors d’une évaluation de société, faut-il réintégrer les comptes courants d’associés dans les capitaux propres ou les assimiler à des dettes nettes ?

En général, on les considère pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire un prêt des actionnaires. Vous ne les considéreriez comme des capitaux propres que s’il y avait un engagement ferme et irrévocable des actionnaires de les intégrer au capital. Dans ce cas, vous tiendriez compte du nombre d’actions supplémentaires à émettre dans le nombre total d’actions de l’entreprise pour être cohérent.

 

Dans le calcul de la rentabilité des capitaux propres, au numérateur on soustrait les charges exceptionnelles du résultat net, mais pas dans les capitaux propres au dénominateur qui comporte le résultat net impacté par les charges exceptionnelles. N’est-ce pas une aberration d’enlever les éléments non récurrents au numérateur et non au dénominateur ?

Nous ne pensons pas : la plus-value dégagée ne fait pas partie du résultat courant, récurrent de l’entreprise, donc elle doit être sortie du résultat net au numérateur. En revanche, une fois la décision des actionnaires prise de ne pas la verser en dividende et donc de la réinvestir dans l’entreprise, quel que soit son qualificatif juridique ou comptable, elle est devenue des capitaux propres sur lesquels il est normal d’attendre un certain taux de rentabilité, comme sur le reste des capitaux propres. Donc au dénominateur, il n’y a pas lieu de l’extourner.

 

Comment mener l’analyse financière des comptes sociaux d’une société holding ?

L’analyse financière d’une société holding pure n’a pas beaucoup d’intérêt, sauf si elle est endettée auprès de banques ou du marché financier.

En effet, la notion de marge n’existe pas car il n’y a pas de ventes, les investissements hors immobilisations financières sont inexistants, tout comme le BFR. Quant aux rentabilités, elles sont biaisées, car les éventuels dividendes ne reflètent qu’une partie de la rentabilité des sociétés en portefeuille, et les plus-values sont rarement régulières chaque année.

Le seul point d’intérêt, si la société holding est endettée, et il est alors crucial, est d’étudier attentivement comment la société holding peut rembourser cet endettement : dividendes reçus, cession d’actifs, augmentation de capital à souscrire par les actionnaires de la société holding s’ils le peuvent.

 

Faut-il calculer le point mort par rapport à la production ou par rapport aux ventes ?

Par rapport aux ventes car produire, si l’on ne vend pas ensuite, ne suffit pas à couvrir ses coûts !

Cela dit, dans la présentation du compte de résultat par nature, et si vous n’avez pas accès à la comptabilité analytique de l’entreprise, il existe un petit biais puisque les charges correspondent, non aux coûts supportés pour réaliser les produits ou les services vendus, mais aux coûts des biens ou services produits. Ce qui ne veut pas dire que le résultat affiché n’est pas celui dégagé sur les ventes mais sur la production, car justement le poste de production stockée en produits vient ainsi indirectement neutraliser, au niveau du résultat, les charges enregistrées dans l’année qui sont à rattacher à des produits ou des services qui seront vendus les exercices suivants.

La plupart du temps, l’écart est très faible entre production et ventes, même s’il n’est pas nul. D’autant qu’un observateur externe est amené à faire des hypothèses sur le partage des coûts entre ceux fixes et ceux variables qui ont une marge d’erreur nettement plus importante. On n’est donc plus à une petite erreur près.

Formons le voeu, qu’un jour, dans la présentation du compte de résultat par nature, on supprime la production stockée et que les différents composants qui la constituent soient alors déduits des postes de charges dont ils sont issus. Le compte de résultat sera alors plus clair, plus simple.

 

Cet article a été publié dans la lettre Vernimmen. Il est repris par Vox-Fi avec due autorisation.