Sur les 1 638 dossiers instruits et clos en 2016 par la Médiation du crédit, le taux de réussite s’est élevé à 64 %. Ainsi, 1 048 entreprises employant près de 13 000 personnes ont été confortées dans leur activité, et plus 180 M€ d’encours de crédit ont été débloqués. Globalement, les difficultés de financement sont en retrait, une offre de crédit relativement abondante couplée à une amélioration de la situation financière des entreprises conduisant à un tassement des saisines de la Médiation en 2016 (-7 % par rapport à 2015).

Du côté des banques, l’offre de crédit a continué d’être soutenue par la liquidité abondante résultant de la politique monétaire accommodante de la Banque centrale européenne. Ces évolutions transparaissent tout particulièrement au niveau des PME de plus de 10 salariés. En 2016, l’accès des PME au crédit reste, d’après la Banque de France, à des niveaux très élevés : 84 % d’entre elles ont obtenu totalement ou en grande partie les crédits de trésorerie demandés au 4e trimestre tandis que 95 % ont pu obtenir les crédits d’investissement sollicités. Au total, la distribution globale des crédits délivrés par les banques aux PME a augmenté de 2,7 % au cours de l’année 2016 (+2,7 % pour les ETI).

Du côté des entreprises, la situation financière s’est à nouveau améliorée, soutenue notamment par la mise en œuvre du Pacte de responsabilité et la montée en puissance du CICE. Le taux de marge des entreprises a continué à se redresser tandis que les investissements ont notablement accéléré (+4,3 % en 2016 après +2,7 % en 2015). Parallèlement, le nombre de défaillances (sauvegardes, redressements ou liquidations judiciaires) a diminué de 8,3 %, en correspondance avec le fléchissement des saisines de la Médiation du crédit.

Pour autant, dans ce panorama globalement satisfaisant pour le financement des entreprises, des problématiques spécifiques sont à signaler :

•   Les TPE continuent de connaître un accès au crédit sensiblement moins aisé que les entreprises de plus grande taille. Cet écart s’explique notamment par le fait qu’une part importante de TPE présente une structure financière déséquilibrée. En outre, le manque de temps consacré par les dirigeants de TPE au sujet du financement de l’activité et la faible présence de tableaux de bord permettant le suivi de la trésorerie sont des sujets bien identifiés par la Médiation du crédit. De façon plus générale, le manque d’anticipation des difficultés ainsi que des dysfonctionnements dans le dialogue entre banques et dirigeants de TPE expliquent un accès aux financements plus compliqué.

•    Les conditions d’octroi du crédit évoluent. Si les nouvelles règles prudentielles – notamment Bâle 3 – ne semblent pas jusqu’ici avoir d’impact apparent sur les volumes de crédits distribués, les dirigeants font part d’évolution des conditions d’octroi qui ne sont pas sans effet sur la relation entreprise-banque : sentiment d’une exigence accrue de garanties ou de cautions personnelles, augmentation des apports personnels pour le financement d’une transmission, progression du cofinancement à partir de montants plus faibles, substitution entre contrat d’affacturage et découvert autorisé, moindres délégations d’accord au niveau des chargés de clientèle et renvoi plus fréquent des dossiers en comité de crédit…

•    Si le financement des actifs immobiliers et des équipements matériels pose globalement peu de problèmes, il convient d’être particulièrement vigilant sur l’investissement immatériel (transition numérique, marketing…). Par nature, en matière de financement de l’immatériel, l’actif financé ne peut être mis en garantie pour sécuriser l’octroi du crédit, cela n’est potentiellement pas sans effet sur l’accès au financement. La transformation numérique constitue pourtant un défi majeur de ces prochaines années pour toutes les entreprises ; la Médiation du crédit est prête à les accompagner.

•    Les nouvelles sources alternatives de financement (fonds de dettes, placement privé, financement participatif, prêt interentreprises…) ne sont pas encore maîtrisées par l’ensemble des chefs d’entreprise. Pour que ces sources représentent effectivement une alternative, il faudra que les dirigeants s’approprient mieux leurs modalités d’utilisation et leurs possibilités de combinaison avec un socle de financement bancaire. La Médiation du crédit a un rôle à jouer dans les efforts d’information à mener au niveau des chefs d’entreprise.

•    Les saisines de la Médiation reflètent une diversité des évolutions sectorielles. Certains secteurs restent confrontés à des carnets de commandes peu garnis et à des perspectives incertaines, qui ne permettent pas encore de créer une dynamique vigoureuse de besoins en fonds de roulement et de projets d’investissement. Les saisines de la Médiation reflètent ainsi la persistance de difficultés dans des secteurs comme l’hôtellerie-restauration et le commerce de détail. En particulier, les équipes de la Médiation ont mis toutes leurs compétences au service de la filière du foie gras touchée par la grippe aviaire et la filière de la sidérurgie confrontée à des surcapacités mondiales de production.

•    À l’opposé de la tendance nationale, la Médiation du crédit a enregistré une hausse des saisines dans certaines régions. En particulier, l’année 2016 s’est caractérisée en Île-de-France par une hausse significative des dépôts de dossiers (+10 %). Les causes de cette divergence résident dans des évènements marquants qui ont plus spécifiquement impacté la région : le contrecoup des attentats de novembre 2015, les mouvements sociaux et, dans une moindre mesure, les intempéries du printemps 2016. Dans ce contexte, le secteur du tourisme a été fortement touché à Paris et dans la petite couronne, mais aussi l’activité des taxis subissant de surcroît la concurrence des VTC. Dispositif souple et réactif, la Médiation du crédit s’adapte à la diversité du tissu économique français.

L’Observatoire du financement des entreprises continue d’être le lieu réunissant toutes les parties prenantes, du monde entrepreneurial comme du monde financier, pour élaborer des propositions consensuelles et innovantes. En juillet 2016, l’Observatoire a publié son rapport sur la lisibilité des tarifs des produits de financement utilisés par les TPE, avec des réalisations concrètes (réalisation de glossaires, mise en place d’une nouvelle présentation des plaquettes tarifaires, création d’un nouveau service d’information récapitulant de façon agrégée les frais annuels payés).

En décembre 2016, le rapport sur le financement de la transmission des TPE et PME a permis d’établir un diagnostic sur les différents aspects financiers de la transmission et d’explorer de nouvelles pistes de renforcement de la transmission-reprise.

En 2017, l’Observatoire continue ses travaux sur la situation financière des PME/TPE et sur le financement de l’immatériel.

 

Cet article a été publié sur LinkedIn le 25 avril 2017.