Publié sur le blog du club des Vigilants le 16 décembre 2015

 

Le renminbi a rejoint le panier du droit de tirage spécial (DST), la monnaie de réserve du FMI. Il rejoint quatre autres devises (dollar, euro, sterling, yen) qui toutes remplissent deux conditions : le pays émetteur figure parmi les principaux exportateurs de la planète, sa monnaie est librement utilisable c’est-à-dire qu’elle permet des paiements internationaux et qu’on peut la négocier sur des marchés des changes.

Avec cette décision le FMI prend acte des évolutions de la planète économie. Il salue les progrès monétaires de la Chine, en volume et en qualité ; non seulement la Chine pèse lourd mais elle est plus ouverte et plus favorable aux forces du marché. A Washington on fait le pari que les autorités chinoises accepteront la responsabilité de leur puissance et adopteront le crédo du FMI – et de la pensée monétaire américaine –  depuis 1945 : les puissances doivent mettre à disposition de tous des instruments de réserve et d’échanges pour favoriser le développement. Une Chine mieux intégrée c’est aussi un système monétaire plus stable et plus résilient.

Côté Chine, on souhaitait cette évolution. La monnaie est un formidable indicateur des rapports de puissance et il est clair que l’espèce de suzeraineté qui consiste à régler ses échanges avec la monnaie d’un autre était, à terme, insupportable. Pékin doit maintenant accepter le poids accru du marché et les risques qui vont avec, notamment un : des achats massifs provoqueraient l’appréciation du renminbi et le renchérissement des exportations.

Et c’est justement la question, qu’en pensent « les autres » ? Pour de nombreux pays il existe désormais une alternative monétaire, non occidentale, pour placer ses réserves. On sait, par exemple, que le Nigéria piaffe d’impatience pour libeller une partie de sa rente pétrolière en renminbi. Le crédit des nations, c’est-à-dire leur capacité d’insertion dans les échanges internationaux, dépend de la qualité de leurs réserves. Jusqu’à maintenant « qualité » signifiait détenir des actifs libellés en devises occidentales, y compris celle du Japon. La Chine vient de briser ce monopole.

Le basculement de la planète vers moins d’Occident est un mouvement d’ampleur. Avec le renminbi on va mesurer, très concrètement, le désire d’alternative à l’Occident.