Le débat sur les retraites est ouvert, celui sur Copenhague est placé sous le boisseau. Quel rapport entre les deux sujets ? Le fait, bien connu, qu’on peut faire dire à des chiffres tout et son contraire !

Les travaux des scientifiques organisés autour du groupement ad hoc (le GIEC) créé par l’ONU ont fait l’objet de nombreuses critiques tant sur la méthodologie suivie que sur les résultats obtenus et leur interprétation ! Critiques d’autant plus fortes en 2009 que le budget de lobbying des énergéticiens américains sur ce thème a quadruplé, passant de 100 Millions de dollars en 2008 à plus de 400 en 2009 !
Rappelons tout d’abord que le fonds du débat au Danemark portait sur trois points majeurs :
– Les hypothèses de croissance économique, et donc d’émission de gaz à effet de serre, retenues,
– l’ampleur des financements à mettre en place,
– l’origine des contributeurs nets (pays développés et émergents),
et constatons que ces trois éléments se retrouvent au centre des discussions actuelles sur l’avenir des retraites.

Dans son dernier rapport, le Comité d’Orientation des Retraites (COR) présente trois scénarios économiques pour la France jusqu’en 2025. Parmi les hypothèses avancées, un taux de chômage de 4,5%, une croissance de 2,5%….A l’arrivée une fourchette de déficit dont la limite supérieure est de 2600 milliards soit deux fois la dette française à la fin 2009.
Vue l’ampleur de l’incertitude mathématique et la complexité du sujet politique du sujet, toutes les parties prenantes au débat semblent adopter trois postures :
– le clivage politique,
– la bataille de chiffres,
– un débat court dans le temps.

Comme à Copenhague, ces postures vont nous conduire dans le mur. Certes, le débat entre répartition et capitalisation est pertinent…et pas simple. Pour le traiter au fond, une approche dogmatique est nécessairement contre-productive tant les exceptions à la répartition (touchant des électorats des deux bords) sont nombreuses. L’exemple, hier, d’un responsable politique proposant de financer les retraites « en taxant les bénéfices des banques » est risible s’il n’en était pas pitoyable et démontre par la déraison à quel point un clivage politique conduit à une impasse.
Les chiffres de besoins de financement variant de 1 à 4, les discussions sur « qui paie combien » ne sauront être conclusives telles quelles.
Enfin un débat court est la garantie de passer à côté des solutions pérennes, et c’est bien ce que les Français ont compris si l’on en croit les sondages récents. Certes, nos compatriotes son réticents au changement mais l’expérience des années de désinflation à partir de 1983 montrent que les Français peuvent avoir des attitudes raisonnables.

Au fond, ce débat sur les retraites pourrait être traité comme le pari de Pascal ! Si Dieu existe, prions ardemment, si Dieu n’existe pas, la prière n’aura été que du temps perdu !
Comme à Copenhague : pourquoi quelque chose plutôt que rien ?
Parce que « rien » signifie un biotope futur pour nos enfants peu engageant. Pollution au lieu de réchauffement climatique ? Au fond peu importe, nos générations laisseront à celles qui nous suivent un endroit moins propre que celui qui nous a été légué par les générations précédentes.
Pourquoi « rien » signifie la ruine des retraites en France. Chaque Français comprend que la situation des années 70 est différente de celle dans laquelle nous vivons (respectivement 2,5 actifs/retraité et 1,8 actif/retraité) et même 1,5/1 dans 15 ans.
Parce que « rien » n’est donc pas une option !

Alors quelque chose, mais quoi ? Le Fonds de Réserve des Retraites abondé année après année, par le budget national a été créé certes pour des raisons économiques mais aussi pour montrer à chacun que l’effort doit être constant. Mais ce sont également gouvernements et parlementaires de tous bords, qui n’ont pas pipé mot quand les versements à ce FRR n’étaient pas honorés. Commençons par cela pour que les décideurs regagnent en crédibilité.
Expliquons en prenant le temps et en fixant des jalons, les constats du COR, discutons les recommandations conceptuelles et structurelles sans tabou qu’il préconise et actualisons le débat chaque année.
Et, parce que les personnes dépendantes sont majoritairement retraitées, lions au dossier des retraites celui du 5è pilier relatif à la dépendance.

Vaste programme? Certes, et qui mérite mieux qu’un débat de 3 mois !