Un gros dilemme dans les politiques de développement : les fonds publics sont rares, les besoins du pays importants, les pressions politiques diverses et les lobbys bien organisés. Comment répartir les dépenses d’infrastructure. Notamment, pour focaliser un peu, vaut-il mieux pour le pays (sa croissance, ses comptes publics, etc.) favoriser la construction de routes ou celles d’écoles, deux investissements créateurs de valeur à l’échelle sociale.

Quatre économistes, dont deux du FMI, s’attellent à la tâche. Les graphiques qui suivent sont tirées de leur étude : « Investing in Public Infrastructure : Roads or Schools? », FMI, mai 2017. Ils s’appuient, comme stratégie de démonstration, sur un modèle macroéconomique et simulent, en variante, l’impact d’un budget d’infrastructure intégralement investi en routes (trait bleu dans les graphiques), ou bien en écoles (trait rouge).

Les résultats ne surprennent qu’à moitié, pour être francs. Les deux premiers graphiques montrent la trajectoire du PIB selon les deux cas, en niveau (par rapport au compte de référence), puis en taux de croissance. À « court terme », c’est-à-dire au cours des 20 premières années, il vaut mieux investir dans des routes, mais l’impact d’une amélioration du niveau d’éducation de la population l’emporte très largement sur la longue durée.

Voici donc un choix difficile pour le politique. Il l’est d’autant plus quand il regarde ce qui se passe sur le front de l’emploi, comme l’indique le graphique suivant :

Construire des routes favorise l’emploi, à la fois direct et par les effets induits, notamment sur le secteur du transport (riche en main d’œuvre) et sur les échanges de marchandises. Construire des écoles retire des enfants du marché du travail et envoie du personnel qualifié dans des postes d’enseignants plutôt que dans des activités plus immédiatement productives. Il faut attendre longtemps pour que la spécialisation du pays dans des activités à plus fort capital humain ait un effet d’entraînement sur l’emploi total, qualifié et non qualifié.

Même dilemme si l’on regarde les dépenses publiques si elles sont financées par endettement. Les routes se remboursent plus aisément et plus immédiatement.

Vous êtes homme ou femme politique dans un pays en développement : que choisissez-vous ?

 

Cet article a été publié sur Vox-Fi le 13 septembre 2017.