L’Autorité de la concurrence au Chili (précisément le Sernac, en charge de la protection des consommateurs) vient de trouver un accord avec l’une des entreprises qui avaient été impliquées dans une entente sur le papier hygiénique. En pratique la plus grosse, CMPC. Originalité : payer une amende, oui, comme dans les autres cas de collusion avérée dans la fixation de prix, mais la payer directement aux consommateurs.

L’entreprise CMPC, la principale d’entre elles, a négocié avec le Sernac et des associations de consommateurs l’accord suivant : son amende s’élèvera à 150 millions de USD, ce qui est l’estimation de son surprofit retiré de l’entente sur les prix et qui équivaut à près de 80 % du profit réalisé au cours de la décennie 2001-11.

Ce montant sera remboursé à tout résident chilien. À toute personne résidente en effet, sachant en la matière que chacun est à égalité dans l’utilisation de papier toilette et qu’il serait inconvenant de rapporter l’objet incriminé pour justifier qu’on en a été consommateur lésé. L’amende s’élève à de 7.000 pesos par personne (environ 10 €), versée sur un compte à vue particulier.

La mesure interpelle. Elle a une fonction de stigmatisation évidente : les amendes pour entrave à la concurrence, plutôt que d’aller silencieusement dans les caisses de l’État, font dans ce cas l’objet d’un gros battage et vont directement dans la poche du consommateur. La mise en œuvre pratique de la mesure est coûteuse, mais cela semble pour les autorités chiliennes un prix utile à payer pour la pédagogie citoyenne. Une sorte de mise au pilori du 21ème siècle ! L’entreprise CMPC aurait préféré une autre forme, plus douce, de shaming : le montant de l’amende aurait été versé « généreusement » à des institutions de charité. Non ! Directement aux consommateurs, libres à eux de faire jouer leur charité, s’ils le voient ainsi.

Exemple à suivre.