Un problème majeur du plan Paulson de sauvetage des banques par rachat de leurs créances « toxiques » était de leur donner une valeur raisonnable. Le choix était, pour simplifier, d’arbitrer entre les intérêts des actionnaires et ceux des contribuables dans un cadre où ces actifs n’avaient pas de prix de marché.

S’agissant pour chaque transaction de réaliser une négociation entre le Trésor US et la banque en difficulté, ce qui était trop cher pour l’un ne l’était pas assez pour l’autre.

En conséquence, le plan Paulson n’a abouti, à cet égard, à aucun résultat concret et pratique.

Et pourtant, au pays du capitalisme roi, la réponse était évidente : recréer un marché, même incomplet, en faisant asseoir plusieurs joueurs à la table. C’est-à-dire, inclure dans les opérations plusieurs intervenants dans un cadre à caractère privé, c’est-à-dire entre institutions financières et d’investissement, et en l’absence de la puissance publique pour fixer les prix !

Puisque, précisément, les échanges sur ces actifs illiquides étaient devenus inexistants, il fallait donner « un coup de pouce » que seul l’Etat pouvait fournir.

C’est ce raisonnement « simple » que le Secrétaire au Trésor, Tim Geithner, a proposé lundi 23 mars 2009. Les actifs dont les banques doivent se débarrasser avant de relancer le crédit sont mis aux enchères, vieille loi de l’offre et de la demande avec ce que le marché a salué : une part equity qui incite les acheteurs à ne pas payer trop cher ; et la couverture des dettes qui incite à ne pas payer trop bas.

A n’en pas douter, des prix seront formés quel que soit le montage et l’opération : fonds de rachat des dettes et le fonds de rachat des créances.

Pour mettre toutes les chances de son côté et s’assurer que les investisseurs seront présents, le Trésor américain abonde les montants décaissés et finance ou garantit une partie de la dette permettant de capitaliser les « Special Investment Vehicles ».

Ainsi, les prix seront établis entre établissements financiers « de droit privé », les transactions étant en partie garantie par la puissance publique.

Une difficulté comptable néanmoins. Les investisseurs « donneront » un prix qui intégrera l’assistance de l’Etat américain. Il s’agira donc de prix « biaisés ».

De plus, comment alors, les banques, en attente de « sauvetage », valoriseront-elles dans leurs bilans, leurs actifs, à une juste valeur de marché, puisque le marché ne répondra pas à toutes les caractéristiques de justesse et de perfection, telles que définies dans la théorie classique ? Dès lors que les prêts sont traités en coûts amortis, leur sortie du bilan à prix de marché va occasionner des fortes pertes, et il n’est donc pas sûr que les banques veuillent les extérioriser. Et aucune disposition n’existe pour les y contraindre. Il est donc toujours à craindre que ce soit en « bourgeois de Calais » que les banques acceptent un plan de sauvetage… et ce peut, alors, être trop tard !

Le mieux étant souvent l’ennemi du bien, le plan Geithner, n’est pas la panacée à tous les maux de l’économie américaine, mais il a le mérite du pragmatisme et aboutira à des résultats, certes imparfaits, mais, on peut le penser, tangibles… Ce qui n’était pas le cas du plan précédent.

La vérité se trouve souvent au coin du bois ! Et la confiance ?

Dominique Chesneau