Tout économiste vit aux dépens des politiques qui l’écoutent
La transcription de cette célèbre fable de Jean de La Fontaine prend toute son ampleur dans l’analyse des prévisions de croissance annuelle du PIB réalisées par la FMI versus la réalité. Le graphe publié par les Echos du 27 Février 2016 en est l’amère réalité.
Nos économistes, à tour de rôle prévisionnistes, magiciens ou prédicateurs pouvaient prédire, au sortir de la crise de 2008, une croissance en V, puis en W avec un retour rapide vers les niveaux d’avant-crise. Auraient-ils eu vent de la baisse du prix pétrole, des taux d’intérêts très bas voire négatifs, des variations du dollar ou du rachat des obligations d’Etat par la BCE, que nous serions peut-être à des croissances économiques à double digit ! Le fait est que ces événements associés notamment à la géopolitique mondiale, la plongée des pays émergents, les problématiques du Moyen-Orient, la politique monétaire chinoise ont tellement élargi l’échiquier des possibilités que plus personne n’est en capacité de donner des prévisions fiables ; et même « l’alignement des planètes » (cf. interview d’Elie Cohen du 24 Août 2015) ne permet pas d’atteindre les prévisions probables.
Faut-il aller vers l’augmentation de la dette des états, vers le plan de rigueur, une augmentation ou une diminution des impôts, ou autre ? Chacun joue à l’apprenti sorcier, en fonction de ses convictions politiques ou de considérations passéistes, sans obligatoirement apporter une grande rigueur macroéconomique. Cette science est devenue un peu la « rue du Commerce », chacun apportant son histoire, ses statistiques complètes ou incomplètes selon les besoins, chacun voulant devenir l’augure [pour mémoire, dans la religion romaine, prêtre chargé d’interpréter les phénomènes naturels considérés comme des présages] ou la pythie [pour mémoire, servant d’Apollon -nos politiques- qui rendait ses oracles par son intermédiaire].
Nous pouvons aisément constater que l’analyse et la prévision macroéconomiques est une science faite d’hypothèses et d’imprévus, d’expériences et de nouveautés, de modélisation et d’intuition ; mais ne pourrait-on pas avoir un groupe d’économistes compétents [au-delà des clivages et des ambitions personnelles] qui accepterait de donner un véritable cap à notre économie et de mesurer les variances avec des recommandations chiffrées, documentées et démontrées comme un contrôleur de gestion ou un directeur financier sait le faire au sein de son entreprise.