Pour reprendre une formulation empruntée à notre Johnny national, et alors que les marchés financiers viennent de traverser un de ces épisodes de volatilité extrême, difficiles à interpréter pour le non-initié, et qui entretiennent le mythe d’une finance déconnectée des réalités, il est réconfortant de revenir sur quelques raisons qui font que, malgré tout, on peut aimer la finance.

Aimer la finance qui soutient l’économie
L’accompagnement des PME, dans l’ensemble des secteurs d’activité, est un enjeu pris en charge par les acteurs de la finance classique, les nouveaux entrants mais également les grandes entreprises. Pépinières, accélérateurs, les initiatives se sont multipliées. L’enjeu de la transition PME/ETI parait désormais bien intégré et soutenu politiquement. Partie la plus médiatisée de cette activité, les investissements réalisés dans les start-up de la French Tech ont progressé de près de 50 % en 2017 et atteint 3 milliards de dollars[1]. La comparaison avec nos homologues européens (les montants comparables sont proches de 12 milliards de dollars au Royaume-Uni et de 5 milliards de dollars en Allemagne) montre cependant l’ampleur du chemin encore à parcourir.

Aimer la finance qui construit dans le long terme
Non, la finance ne se préoccupe pas seulement du court terme. Nombre d’investisseurs ont la volonté d’appréhender la réalité des entreprises à un horizon de temps cohérent avec le développement de leurs stratégies. Certains fonds n’hésitent pas désormais à encourager les entreprises à regarder au-delà de leur rentabilité immédiate mais à se préoccuper plus de leur vision à long terme. Des éléments tels que l’innovation ou le capital humain qui génèrent des dépenses immédiates mais contribuent à construire des actifs solides sont ainsi mieux pris en compte.

Aimer la finance qui s’engage pour le bien commun
L’intégration des grands enjeux environnementaux est une tendance croissante, alimentée certes par des contraintes réglementaires, mais également par une prise de conscience des enjeux de pérennité pour les entreprises. Financeurs ou investisseurs se sont retirés depuis quelques années des projets liés au charbon. Plus récemment certains intervenants ont étendu cela aux hydrocarbures non conventionnels.  Les fonds d’impact visent des objectifs précis d’impact et pas seulement la limitation du risque. Le soutien par une partie de la sphère financière de l’évolution vers un objet social étendu, c’est-à-dire intégrant la contribution à l’intérêt général, va également dans ce sens.

Aimer la finance qui innove
Depuis quelques années l’apparition des Fintech a marqué l’évolution du monde financier. En apportant plus de flexibilité et d’agilité, grâce à l’utilisation des nouvelles technologies, ces structures se placent en complément des acteurs classiques, dont elles sont parfois issues. Parmi elles les plates-formes de financement participatif – même si les montants restent encore modestes – permettent de répondre à une partie de la demande de financement des plus petites entreprises, mais également de rapprocher les citoyens de leur environnement économique.

Aimer la finance qui partage
Les fonds de partage destinés aux particuliers existent depuis plusieurs années, ils permettent de répartir le gain sur des placements en titres cotés entre l’investisseur et des associations sélectionnées. Ce dispositif est en train d’être étendu à l’investissement en titres non cotés. Plusieurs sociétés de private equity avaient déjà ouvert la voie.

En arrière-plan de ces éléments se trouve également l’envie de réconcilier finance et société. On a beaucoup parlé récemment du fléchage de l’épargne vers l’entreprise, et pour cela du besoin d’améliorer la culture financière des français. Cela passe également par une juste vision du rôle de la finance, de la finance qu’on aime.

 1. Etude CB Insights – février 2018.

 

Cet article a été publié dans le numéro 358 (avril 2018) de la revue finance&gestion.

Cet article a également été publié sur Vox-Fi le 16 avril 2018.