Elément fondamental dans leur accès aux différentes modalités de financement, la situation financière des entreprises tend à s’améliorer sur la période récente.

 

Suite à la crise des années 2008-2009, le taux de marge avait régulièrement régressé pour se situer à un plus bas entre 2012 et 2014 mais, depuis cette date, il s’est redressé, sans toutefois revenir à ses niveaux d’avant-crise.

Cette amélioration qui concerne toutes les tailles d’entreprises résulte du déploiement du Pacte de responsabilité et de solidarité et de la montée en charge du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, ainsi que de l’évolution favorable de facteurs externes comme la dépréciation de l’euro et la baisse des cours du pétrole. Le constat d’une capacité accrue des entreprises à générer de la richesse sur les dernières années se trouve confirmé par l’augmentation des ratios de rentabilité économique et financière.

Depuis 2011, la trésorerie des entreprises s’est améliorée, y compris pour les PME, en particulier, en lien avec le recul du besoin en fonds de roulement (BFR) et ce, pour toutes les tailles d’entreprises.

L’évolution du BFR est marquée par l’entrée en vigueur de la loi de modernisation de l’économie (2008) et, à plus court terme, par la lente réduction des délais de règlement clients-fournisseurs.

Par ailleurs, les indicateurs de démographie d’entreprises sont mieux orientés. En 2016, les créations d’entreprises sont au plus haut depuis six ans et les taux de pérennité sont en nette amélioration.

Par ailleurs, les défaillances d’entreprises qui ont connu un pic à plus de 63 000 (sur 12 mois glissants) en 2009-2010, puis, de nouveau, de la fin 2013 au début 2015, ont chuté depuis cette date pour s’établir à 56 000 à mi-2017. Au total, les encours de crédits portés par les entreprises défaillantes sur les douze derniers mois représentent désormais un peu moins de 0,4 % du total des encours de crédits.

 

Un renforcement des fonds propres

Au cours des dernières années, les entreprises ont reconstitué leurs fonds propres, en particulier les PME, qui ont, en grande partie, mis en réserve leurs bénéfices antérieurs non distribués. Il semble que le maintien de la rentabilité des PME soit un facteur décisif de leur financement et du lancement d’investissements nouveaux puisque les bénéfices d’une année constituent les fonds propres des exercices suivants. En cela, le comportement des PME durant l’année 2015 paraît très proche de celui qu’elles adoptaient avant la crise.

Ce comportement est similaire pour les ETI, même si la variation moyenne de leurs capitaux propres est plus faible. Depuis 2011, les résultats et reports à nouveau sont moindres que pour les PME. En revanche, les apports externes de capital sont plus importants que pour les PME.

 

La dynamique des fonds propres est assez différente au niveau des grandes entreprises.

D’une part, ces dernières n’ont que faiblement augmenté leurs fonds propres depuis 2011, et d’autre part ces augmentations proviennent plus du résultat de l’exercice actuel que du report des bénéfices des exercices antérieurs.

Enfin, d’une manière générale, le pilotage par les actionnaires des entreprises cotées est plus réactif et répond à une analyse des opportunités d’investissement de ces groupes ; à défaut de projets pertinents, les actionnaires préfèrent redéployer eux-mêmes le capital en décidant notamment une plus forte distribution des dividendes.

 

Pour renforcer les fonds propres, les fonds d’investissement jouent un rôle important.

Le marché du capital-investissement s’est progressivement redressé après le creux d’activité constaté dans le sillage de la crise de 2008-2009. La chute des investissements (de près de 40 %) constatée en 2012 a été effacée par une croissance progressive entre 2013 et 2015, année où les investissements ont représenté 10,7 Md€.

En 2016, les dernières statistiques de l’Association Française des Investisseurs en Capital (AFIC) témoignent d’une accélération du capital-investissement français. Cette année-là, 12,4 Md€ ont été investis dans environ 1 900 entreprises. Sur ces 12,4 Md€, 6,7 Md€ l’ont été pour des entreprises dans lesquelles aucun fonds d’investissement n’avait encore investi.

Si le nombre d’entreprises investies et les montants en question peuvent sembler faibles en regard de la masse totale des PME, l’importance macroéconomique du capital investissement et plus particulièrement du capital-innovation (qui représente 1,6 Md€ de levées et 0,9 Md€ d’investissements en 2016 et qui se focalise sur les entreprises innovantes et en croissance) doit être interprétée au-delà des seuls volumes financiers concernés.

Ces investissements constituent un élément essentiel du dynamisme de l’économie française, du développement de son tissu d’entreprises et du financement et de la diffusion de l’innovation.

Enfin, même s’il est majoritairement orienté vers les grandes entreprises, le marché financier permet également d’apporter des fonds propres aux PME-ETI. En 2015, le volume des introductions en bourse s’est élevé à 5 Mds€, soit un plus haut en 10 ans.

 

Un endettement très dynamique au cours des dernières années

A fin juin 2017, l’endettement des sociétés non financières s’élevait à 1 544 Mds€, dont 933 Mds€ de crédits bancaires et 611 Mds€ de financement de marché.

Au cours des 10 dernières années, l’endettement des sociétés non financières a été sensiblement plus dynamique que leur valeur ajoutée, l’endettement rapporté à la valeur ajoutée passant de 0,95 au 1er trimestre 2007 à 1,34 au 1er trimestre 2017.

Pour autant, l’endettement financier est resté globalement stable en part des capitaux propres, avec un niveau de 2015 proche de celui de 2011.

 

Les PME ont vu leur taux d’endettement en part des capitaux propres se replier continûment depuis 2012, reflet d’un renforcement conséquent des capitaux propres, tandis que les grandes entreprises ont accru le poids des dettes dans leur bilan au cours des dernières années.

Il convient cependant de distinguer le cas des PME et, dans une moindre mesure, des ETI qui ont vu leur taux d’endettement en part des capitaux propres se replier continûment depuis 2012, reflet d’un renforcement conséquent des capitaux propres, tandis que les grandes entreprises ont accru le poids des dettes dans leur bilan au cours des dernières années.

Depuis 2011, le fort dynamisme de l’endettement de marché par rapport à celui du crédit bancaire a mené à un rééquilibrage du mix d’endettement des SNF françaises.

La part du crédit bancaire dans l’endettement total a continûment décru depuis cette date, prolongeant la tendance amorcée depuis la crise. Cette évolution – qui se retrouve en moyenne dans la zone euro – concerne principalement les plus grandes entreprises, i.e. celles qui disposent de la capacité ou de la surface financière suffisantes pour accéder au marché.

En effet, les produits d’endettement de marché restent des outils de financement de moyen-long terme (obligations) ou de court terme (billets de trésorerie) essentiellement émis par des grandes entreprises et, dans une moindre mesure, des ETI.

 

Au niveau des plus petites entreprises, les besoins courants et leur développement futur restent majoritairement financés par le crédit bancaire.

Si cette évolution est très largement déterminée par des facteurs conjoncturels pour les grandes entreprises (comme le coût relatif des modes d’endettement), elle est aussi plus structurelle pour les ETI, qui accèdent à ces marchés plus volontiers que par le passé.

Au niveau des plus petites entreprises, les besoins courants (crédit de trésorerie) et leur développement futur (crédit d’investissement, crédit-bail) restent majoritairement financés par le crédit bancaire.

En termes d’accès au crédit pour les PME, les taux d’obtention d’un crédit demeurent élevés et ce, sans changement notable au cours des dernières années. Au 2e trimestre 2017, l’indicateur publié par la Banque de France sur le pourcentage des demandes de crédit ayant été satisfaites totalement ou pour au moins 75 % de leur montant a atteint son maximum tant pour les crédits de trésorerie (86 %) que d’investissement (95 %).

Ces indicateurs témoignent donc d’une bonne tenue de l’accès au crédit pour les PME de plus de 10 salariés. Par les TPE de moins de 10 salariés, les mêmes indicateurs d’accès au crédit se révèlent inférieurs de 14 à 18 points.

Ainsi, ce sont 68 % des crédits de trésorerie et 81 % des crédits d’investissement qui sont obtenus en totalité ou à plus de 75 % par les TPE qui en font la demande au 2e trimestre 2017.

L’accès au crédit des TPE est ainsi structurellement moins aisé, notamment en raison des structures financières en moyenne plus déséquilibrées des TPE et du manque de temps consacré par les dirigeants de TPE au sujet du financement de l’activité et au suivi de la trésorerie.

 

Les instruments développés par Bpifrance ont aussi pu permettre de répondre aux besoins des entreprises non pleinement satisfaits par le marché.

Des difficultés d’accès au crédit peuvent aussi exister pour certaines catégories de PME (jeunes PME, PME innovantes) qui ne disposent que de peu voire pas d’historique comptable ou opèrent sur des marchés peu connus du créditeur, de même que certains projets ne permettant pas de fournir des collatéraux aux établissements bancaires.

Dans ces cas, les instruments développés par Bpifrance ont aussi pu permettre de répondre aux besoins des entreprises non pleinement satisfaits par le marché.

Enfin, les dernières années ont été marquées par le développement de certains financements spécialisés – affacturage notamment – ou alternatifs : placements privés (plutôt au niveau des ETI) et financement participatif (plutôt pour les TPE et « petites » PME). En progression, ces nouvelles modalités de financement ont encore un poids modeste au regard de l’ensemble des besoins de financement des entreprises françaises.

Toutefois, s’ils n’ont pas vocation à remplacer le crédit bancaire, ces modes et sources de financement diversifié peuvent permettre de couvrir des besoins spécifiques d’entreprises, non couverts par le crédit bancaire traditionnel. Cette diversification peut permettre l’émergence de nouveaux business model et augmenter la résilience des PME, tout en leur garantissant une plus grande souplesse dans la gestion de leur trésorerie et de leurs flux d’investissements.

 

Cet article a été publié dans le numéro 353 (octobre 2017) de la revue finance&gestion.