Une année africaine
Les pays qui retrouveront le plus rapidement une croissance économique soutenue répondent à deux conditions :
– un niveau de capital par tête encore modéré. C’est l’effet de « rattrapage » qu’a connu l’Europe après la deuxième guerre mondiale, et que connaissent les pays émergents aujourd’hui ;
– une croissance « structurelle » élevée, c’est-à-dire une démographie correcte et des gains de productivité importants.
Ces éléments font immédiatement penser, à juste titre, à l’Asie. Mais il me semble que l’Afrique mériterait qu’on la regarde également de près. En effet, ces dernières années, beaucoup de pays d’Afrique sub-saharienne ont connu une croissance économique élevée. Le Mozambique, par exemple, présente des performances « à la chinoise » (8% de croissance en moyenne depuis plus de 10 ans). Le pays connaît une phase de développement soutenue depuis les élections de 1994 qui a permis de sortir 3 millions de personnes (sur une population de 20 millions) de la pauvreté extrême. Les inégalités de revenu sont restées contenues. La scolarisation a augmenté et la mortalité des enfants a régressé.
Il me semble qu’on ne voit pas que nombre de gouvernements africains ont, ces dernières années, simplement suivi les enseignements de la science économique : environnement favorable à l’entrepreneuriat, amélioration de la gouvernance, innovation, acceptation du marché, politiques macroéconomiques de stabilisation, politiques microéconomiques d’incitation à la création de richesse. Ainsi, la politique menée par le Mozambique s’est avérée intellectuellement simplissime, presque uniquement emprunte de bon sens : amélioration de la situation des finances publiques, politique monétaire anti-inflationniste, suppression du contrôle des prix, mise en concurrence des monopoles, augmentation des investissements publics dans les infrastructures (dont l’éducation). Les effets positifs de ces politiques ont été particulièrement nets sur le secteur agricole. Tout ceci a bien entendu été coiffé par une gouvernance plus transparente et une évaluation plus stricte, tant du côté de la conduite de la politique économique que de l’aide au développement.
Bien sûr, la crise de 2008-2009 a affecté l’Afrique, mais il me semble qu’elle ne remette pas en cause le développement d’un certain nombre de pays.
Allez, c’est l’une de mes bonnes résolutions pour l’année 2010 : me rendre enfin sur le terrain africain pour mieux comprendre, sur place, ce qui s’y passe.