Traduction autorisée de « A better way to reduce financial sector risk »

L’administration Obama semble tomber dans un certain populisme en proposant de fixer des limites de taille et d’activité aux plus grandes banques américaines.

Alors que les modalités de mise en œuvre ne sont pas encore connues – quelqu’un les connaît elles d’ailleurs à la Maison blanche ?-, l’intention est claire : les banquiers doivent payer ! Il est certes difficile en ce moment d’éprouver une sympathie quelconque pour ces banquiers qui, par leur incompétence et leur indécence à se distribuer des bonus mirifiques, ont attiré sur eux l’ire de la population, mais une politique élaborée sous le coup de la colère n’est pas nécessairement bonne !

La seule question qui vaille est celle de savoir si les décisions du gouvernement américain vont ou non réduire les risques du système financier.

On comprend l’idée de réduire la taille des banques afin d’éviter à l’avenir le fameux « too big to fail », mais comment définir les limites ? Que l’on se réfère au total de bilan, au capital ou aux profits, les banques trouveront rapidement les solutions pour s’affranchir de la réglementation !

S’il s’agit de limiter le montant des actifs, on peut craindre le retour des opérations et des véhicules hors bilan si désastreux par le passé, des engagements par signature, des conduits de titrisation, etc.

S’il convient de s’en prendre au capital des banques, il y a fort à parier que ces dernières chercheront tous les moyens pour l’économiser. Cela n’irait pas dans le sens de la sécurité recherchée.

Si, enfin, le sujet est celui du seuil de profits, soyons sûrs que les institutions financières sauront créer les structures qu’il faudra pour « parquer » leurs bénéfices. Pire, si cette référence était retenue, les banques peu profitables voire mal gérées, pourraient se développer infiniment, renforçant alors les risques globaux du secteur bancaire.

Enfin, même en supposant résolu ce problème opérationnel, il n’est pas du tout certain que l’argument de la taille soit pertinent. Bear Stearns n’était pas une « grande banque » au sens arithmétique du terme. Néanmoins à l’automne 2008, d’aucuns ont estimé que l’importance de ses liens avec les autres banques justifiait de la sauver. A l’inverse, le gérant de fonds Vanguard, avec ses 1 000 milliards de dollars (700 milliards d’euros) d’actifs sous gestion échapperait aux fourches caudines des limites de taille.

On peut également considérer que la taille d’une entreprise facilite sa recherche de talents… y compris en spécialistes de la gestion des risques.

On conviendra aussi que les problèmes liés à une banque ayant des actifs de 2 000 milliards de dollars en situation difficile seraient sensiblement moins graves pour l’économie que ceux résultant du défaut de 1 000 banques ayant un total de bilan de 2 milliards !

Alors que le seul sujet qui vaille n’est donc pas la taille mais plutôt la concentration et la corrélation des risques au sein d’un même établissement, les régulateurs devraient travailler sur des indicateurs de risque plus subtils tels que le contrôle strict de fusions entre établissements ayant démontré de façon récurrente une propension à se mettre en situation difficile.

Certes, des critères de ce type peuvent être perçus comme éminemment subjectifs ; mais quelles différences avec les éléments de jugement retenus par les commissions de la concurrence pour estimer le bien-fondé, pour l’économie, d’une fusion ?

Après les éléments de bilan, considérons ceux du compte de résultats. Comment les superviseurs pourront-ils s’assurer qu’une activité importante dans les marchés de capitaux résulte d’opérations pour compte propre ou de couverture? Comment s’assurer que, dans la banque de détail, les dirigeants ne privilégient pas la marge brute, sans l’évaluer au regard de la capacité de remboursement des clients, rejouant ainsi le scénario des subprimes ?

Le point est donc bien essentiellement celui de la propension de tel ou tel pour la prise de risque.

En réalité, proposer des limites de taille conduirait à limiter les effets d’une autre mesure archaïque : l’assurance des dépôts. Quand les ménages n’avaient pas accès aux coffres-forts, assurer leur économies avaient un sens qui a disparu avec le développement des OPCVM monétaires, qui devraient être valorisés quotidiennement pour supprimer le risque. Cette assurance des dépôts, discutable en ce qui concerne les banques communautaires de petite taille et peu diversifiées, devient donc sans objet pour les établissements importants. Pire, cette assurance est susceptible de déresponsabiliser des dirigeants de banque qui sauraient que l’épargne de leurs clients est « protégée ».

Supprimer cette garantie des dépôts placés dans des institutions dont les actifs sont supérieurs à un certain seuil serait une mesure facile à mettre en œuvre et beaucoup plus efficace que quelque mesure de limitation que ce soit.