Hermès lancera au printemps une nouvelle marque, créée ex-nihilo et baptisée Shang Xia. L’idée est d’en faire « une maison authentique, avec un style, des matières et des savoir-faire ancrés dans la culture chinoise », selon Patrick Thomas, dirigeant de Hermès. Le design et la production seront locaux. Les points de vente seront en Chine bien sûr, mais aussi à Paris pour crédibiliser la marque à l’international.

Un premier commentaire consiste à applaudir Hermès pour son esprit entrepreneurial : il est bon de créer de nouvelles marques de luxe et de pouvoir capitaliser un peu plus sur la formidable croissance à venir de la richesse et donc des marques de luxe en Chine. Le second renvoie à mon post du 16/02/2009 (« Contrefaçon : le paradoxe de Nanjing Road »), où il était suggéré que l’installation en local d’un grand du luxe, en production et pas simplement en distribution, était un moyen de lutter intelligemment contre la contrefaçon. Pour citer le post : « Une autre façon consiste à rompre avec le dogme d’une production préservée « à la maison », c’est-à-dire en France pour les grands du luxe. Il s’agit ici de mettre des capacités de production dans les pays émergents, en propre ou mieux chez des partenaires, évidemment sous le contrôle étroit de l’entreprise. Serait-il forcément sot pour un Hermès d’exporter des ateliers de confection en Turquie ou en Chine ? » C’est une stratégie à user avec précaution, mais qui a l’avantage indirect d’associer des producteurs locaux, dirigeants, créateurs et salariés, et pas seulement internationaux, à la lutte culturelle, judiciaire et politique contre les contrefacteurs. La brillante designer du futur Shang Xia, Mlle Qiong-Er Jiang, fille d’un des plus grands architectes du pays, qui de plus détiendra une part minoritaire du capital de la société, saura bien jouer de son influence pour y veiller.