L’heure est à l’observation. Face à une conjoncture qui ne cesse de se dégrader sur l’ensemble du Vieux continent, les entreprises hésitent à bouger. Il faut dire qu’avec un environnement rappelant les années 1930 et son lot de crises financières, craintes de faillites bancaires et récessions en cascade, il est bien difficile de faire des prévisions quand à l’évolution de son marché, notamment lorsqu’il repose sur une consommation intérieure mise sous pression par la rigueur budgétaire. Les raisons d’un tel contexte sont bien connues : un surendettement initial tant du secteur privé que public indiscutable pour des pays comme la Grèce, le Portugal, l’Irlande ou encore l’Espagne, couplé à de lourds investissements croisés des banques européennes dans l’économie de ces pays, ont créé les conditions d’un risque systémique susceptible de faire tomber les économies de l’ensemble de la zone comme un château de cartes.

A ce contexte de troubles monétaires doit désormais s’ajouter un risque politique, qui pèse indéniablement sur le moral des chefs d’entreprise partout en Europe. Ces derniers craignent en effet que des modifications substantielles de la réglementation, donc des règles du jeu, interviennent dans les mois à venir, ce qui les pousse à repousser leurs investissements et à adopter une position d’attente dangereuse pour l’ensemble de l’économie. C’est d’ailleurs ce que confirme notre baromètre du mois : pour le moment, les résultats de la plupart des entreprises interrogées sont en ligne avec leurs attentes initiales, seul un allongement de la durée moyenne de paiement des clients illustrant une certaine tension dans l’économie française (+12,1 % d’un mois sur l’autre pour un paiement compris entre 46 et 60 jours). Par contre, les perspectives inquiètent : plus question de songer au recrutement (-8 % d’un mois sur l’autre), la seule préoccupation des sondés consiste à assurer des leviers de développement pour pérenniser leur activité (+12,4 % d’un mois sur l’autre), traduisant bien l’inquiétude grandissante qui sévit actuellement dans les rangs des gouvernements d’entreprises françaises.

Enfin, si on observe un équilibre dans la volonté des entreprises de réaliser des opérations de fusion-acquisition dans l’année à venir (44 % de réponses positives contre 39 % de réponses négatives), la majorité d’entre elles n’envisagent pas de contrebalancer le manque à gagner pour leurs salariés en cas d’une suppression éventuelle de la loi Tepa. Pour le moment, un seul mot d’ordre semble donc être à l’œuvre dans les entreprises : wait and see !

Cet article est une reproduction du baromètre des dirigeants finance-gestion (mai 2012) DFCG-Option Finance-Primeview publié conjointement dans Option finance.