Whole Foods et Amazon, ou quand une obligation devient très rentable !
On associe souvent les obligations à des actifs financiers sûrs et stables. En fait, cela peut bouger très vite, en mal (voir la dette souveraine grecque en 2011), mais aussi en bien.
Whole Foods Inc. est un distributeur de fruits et légumes bio aux États-Unis. Il ne se portait pas très formidablement. Les consommateurs se moquaient de lui, lui donnant le nom de « gros chèque » en raison de la facture à la sortie. Un fonds activiste tournait autour. Son action ne se portait pas très bien non plus, de même que son obligation, émise en décembre 2016 à maturité 2025, dont le rendement (TRI) était de 4,1 %.
Survient l’annonce de l’OPA pour un prix de 13,7 Md$ par Amazon, l’ogre vorace dans la distribution aux États-Unis… et peut-être demain ailleurs. Walmart, autrefois redouté par tous les distributeurs, apparaît à présent comme une blanche colombe.
Toujours est-il que le cours boursier s’ajuste immédiatement : +40 %, en même temps que les actions des autres distributeurs subissent un contre-coup, parfois violent (-40 % pour Kroger). Même Walmart subit une perte (-4,4 %). Voir graphique.
Mais l’obligation n’est pas en reste. Son rendement chute violemment, de 113 points de base, passant de 4,11 % à 2,98 % (graphique). L’investisseur de la rue souvent ne comprend pas : le rendement baisse ? Mauvaise nouvelle !
En fait non. Quand les rendements baissent, c’est que le prix monte. Il y a une formule commode pour passer du rendement au prix : la variation du prix à une variation de rendement, c’est (approximativement) la duration (avec un signe moins).
La duration est un concept proche de la durée de l’obligation jusqu’à échéance : c’est la somme des durées jusqu’à échéance de chaque cash flow (coupon et capital) pondérées chacune par le montant actualisé du cash-flow à chaque date. C’est donc homogène à une durée. L’obligation court jusqu’à fin 2025, il lui reste donc une durée de vie jusqu’à échéance de 8,5 ans. Une astuce : en gros, vous prenez la durée à échéance et vous lui ôtez un petit chouya, pour tenir compte de l’actualisation. Disons que la duration, dans ce cas, est de 7 ans.
La hausse du prix de l’obligation dans ce cas est de -1,13 % x -7 ≈ 8 %.