En 2023, un pays sur deux devrait dépasser ses niveaux pré-pandémie de défaillances

Le rebond des défaillances d’entreprise s’accélère à l’échelle internationale et le nombre de défaillances devrait croître lors des deux années à venir. Toutefois, ce rebond conséquent ne sera pas suffisant pour atteindre les niveaux de 2019 : nous estimons que les défaillances d’entreprise à l’échelle mondiale resteront inférieures à leurs niveaux pré-Covid de -5 % en 2023 et de -1 % en 2024. Cette tendance globale masque aussi des situations différentes notables selon les pays et les régions. La moitié des pays que nous suivons verront leurs nombres de défaillances dépasser cette année leurs niveaux d’avant pandémie, et trois pays sur cinq seront dans cette situation à l’horizon 2024. En somme, la majorité des pays reviendront à une situation « normale » en termes de défaillances d’entreprise.

Plus précisément, nous nous attendons à ce que les défaillances atteignent en 2023 les chiffres suivants : 28 500 au Royaume-Uni (+16 %), 17 800 en Allemagne (+22 %) et 8 900 en Italie (+24 %). En France, plus particulièrement, les défaillances d’entreprise croîtront, selon nos estimations, de +41 % en 2023 pour atteindre 59 000 cas. Elles dépasseront ainsi leur niveau de 2019 de 15 %. Aux Etats-Unis, nous prévoyons une hausse des défaillances de +49 % en 2023, pour atteindre plus de 20 000 cas. Cette accélération importante outre-Atlantique s’explique par le resserrement des conditions de financement et le ralentissement économique à venir. La Chine ne subira quant à elle qu’une légère hausse des défaillances (+4 %), mais la réouverture de l’économie n’a pas fait disparaître tous les risques, notamment dans le secteur de l’immobilier.

 

En cause ? La demande en berne, des pressions accrues sur la rentabilité, des trésoreries affaiblies et le durcissement des conditions de financement 

Ce rebond des défaillances à l’échelle mondiale trouve son origine d’abord dans l’environnement économique actuel, caractérisé par une faible croissance de l’activité mondiale. Nous estimons par exemple que la zone euro et les Etats-Unis auraient besoin respectivement de +1,3 point et +1,5 point de croissance additionnelle du PIB en 2023-2024 pour espérer stabiliser les niveaux de défaillances.

De plus, les entreprises devront se montrer vigilantes face à un éventuel effet domino : le nombre de défaillances d’entreprise dont le chiffre d’affaires est supérieur à 50 millions d’euros est désormais légèrement au-dessus du niveau de 2019. La construction, la distribution et les services sont les secteurs les plus affectés.

Au-delà du ralentissement économique mondial, des pressions plus intenses sur la rentabilité, des réserves de trésorerie moins grandes et des conditions de financement plus dures pour plus longtemps que prévu testent la résilience des entreprises les plus fragiles. Parmi elles, nous retrouvons les entreprises ayant un pouvoir de fixation des prix (power pricing) moindres, comme les entreprises de la distribution spécialisées dans le textile ou les équipements ménagers, certains services, dont la restauration, mais également les entreprises les plus exposées à la hausse des salaires, dont celles des secteurs de la distribution, des transports et de la construction.

 

Quels seraient les impacts d’une nouvelle crise financière ?

Les récentes perturbations connues par le secteur bancaire en Europe et aux Etats-Unis ont fait réapparaître des craintes d’une nouvelle crise financière. Selon nos estimations, une crise financière similaire à celle de 2008 engendrerait 21 600 défaillances d’entreprise additionnelles aux Etats-Unis sur deux ans (2023-2024) et 99 900 en Europe de l’Ouest. Même sans une crise financière majeure, un « credit crunch » de l’ampleur de celui de 2000, lors de la bulle internet, engendrerait respectivement 12 900 et 95 300 défaillances additionnelles. Et en cas de gel de l’accès au financement (c’est-à-dire une croissance nulle des crédits), on dénombrerait respectivement 10 700 et 46 300 défaillances supplémentaires.

Pour conclure, la dynamique de normalisation se poursuit, mais le rebond des défaillances trouve aussi sa source dans le contexte économique actuel. Les pressions extérieures pesant sur l’activité des entreprises les pousseront à se réinventer en 2023 afin de traverser cette période et de débuter 2024 sereinement. À noter tout de même que selon nos prévisions : la montée continue des défaillances devrait s’interrompre en 2024, laissant place à une phase de stabilisation, avec un très léger recul des défaillances en France en 2024, de l’ordre de -2 %.

 

En bref
  • Les défaillances d’entreprise devraient poursuivre leur hausse avec +21 % en 2023 et +4 % en 2024 à l’échelle mondiale. Plus particulièrement en France, le rebond sera de +41 % pour atteindre 59 000 cas en 2023 avant de se stabiliser avec un léger recul de -2 % en 2024.
  • La consommation en berne, la hausse des taux d’intérêt et les pressions salariales sont les principaux facteurs derrière cette accélération des défaillances. Nous estimons par exemple que la zone euro et les Etats-Unis auraient besoin respectivement de +1,3 point et +1,5 point de croissance additionnelle du PIB en 2023-2024 afin de stabiliser les défaillances.
  • En cas de nouvelle crise financière, nous estimons que 21 600 défaillances d’entreprise additionnelles aux Etats-Unis et 99 900 en Europe de l’Ouest seraient à prévoir sur deux ans (2023-2024).

 

Prévisions détaillées des défaillances d’entreprises

(*) Indice 100: 2000
Sources : statistiques nationales, Allianz Research