Alors que la loi « Travail » est au cœur de l’actualité politique et économique, l’étude réalisée par la DFCG  pour « redonner la confiance aux entreprises » souligne des demandes unanimes du monde économique. Tout en haut sur l’échelle des priorités, les dirigeants financiers placent le social, le fiscal, et la simplification des règles en tout genre.  La loi « Travail », dans son projet initial, peut être une réponse, mais elle ne peut suffire à construire une vision de moyen et long terme.

Des réponses unanimes : fiscalité, droit social, simplification

Trois domaines ressortent de manière particulièrement impressionnante de notre étude : le champ social, le champ fiscal et la simplification. Par-delà le constat (peu étonnant au demeurant), c’est l’ampleur et l’unanimité des réponses qui sont marquantes : quels que soient le secteur d’activité, la taille de l’entreprise ou la région concernée, l’ensemble des dirigeants financiers a les mêmes attentes, très fortes, dans chacun de ces domaines.

Dans le domaine social, trois demandes ressortent de manière prioritaire : simplifier le code du travail, donner une vraie flexibilité dans les relations sociales et réduire les charges sociales. Cet ordre est conservé dans le domaine fiscal : la nécessité de mettre fin à la « gesticulation fiscale » arrive avant la question de baisser le poids global de la fiscalité, même si cette dernière constitue une préoccupation importante. Dans les deux cas, la charge financière, dont on connaît pourtant le poids, est ressentie moins douloureusement que la charge administrative que représentent l’instabilité, la complexité et la rigidité des règles.

Vers plus de constance, vers une vision plus à long terme

Allant au-delà, les dirigeants financiers questionnent le rôle même des pouvoirs publics (politique et administratif) : ils doivent mettre fin au court-termisme et faire une vraie pause dans les changements normatifs et fiscaux, pour aller vers plus de constance, construire une vision à moyen et long terme. Selon eux, les entreprises sont prêtes à faire leur travail (créer de la valeur économique) et ont l’impression que les pouvoir publics ne font pas correctement le leur : mettre en place les conditions permettant de créer cette valeur, se développer, créer des emplois.

L’inquiétude des dirigeants financiers se nourrit également d’éléments tels que la culture de la défiance vis-à-vis de l’entreprise venant des élites politiques et administratives qui se traduit, notamment, par un positionnement de méfiance réciproque dans les relations entreprises-administrations. Ils relèvent par exemple le durcissement, voire l’agressivité de l’administration fiscale dans ses contrôles (faire du chiffre ?) –au détriment notamment des petites entreprises qui n’ont ni l’expérience ni la trésorerie pour faire respecter leurs droits. Ou ces trop nombreux textes à la fois couteux et compliqués à appliquer pour les entreprises, comme la loi Hamon ou le projet de loi sur le devoir de vigilance des sociétés mères : des exceptions françaises qui font perdre de la compétitivité à nos propres entreprises.

Faire le choix de la simplicité, plus que de la simplification

Par-delà les chiffres, cette étude est un appel à la simplicité, plus qu’à la simplification ; un appel à ne pas changer les normes en permanence. Certes la loi « Travail » peut aller dans le bon sens… mais à quel prix ? Par quelles contorsions politiques ? Et ne sera-t-elle pas vidée de son sens lorsque chaque contestataire en aura arraché un aspect jugé « inacceptable » ? Ne va-t-on pas complexifier davantage en essayant de simplifier ?

Simplicité et constance également face à certains dispositifs comme le CICE. Pourquoi l’avoir fait si compliqué quand une simple baisse des charges, y compris modulée selon le niveau de salaire, aurait beaucoup mieux répondu au besoin ? Mais pour nombre de dispositifs, maintenant que les entreprises les ont adoptés, évitons de les modifier, laissons-les se déployer. Simplifions à la marge, mais ne compliquons pas, là encore, en essayant de tout changer.

Alors que la loi Travail occupe parlementaires, étudiants, journalistes et syndicats, les dirigeants financiers proposent un chemin, moins médiatique et moins politique, mais peut être plus efficace faire le choix de la constance en ne changeant pas continuellement les règles. Pour les entreprises, la restauration de la confiance est un besoin urgent.