France, un siècle de croissance ou de décroissance ?

Le graphique ci-dessous est éloquent. Si nous oublions l’espace d’un instant l’impact du COVID dans ce graphique, on constate que, depuis les années 60, la France a une croissance tendancielle en baisse… que personne n’oserait appeler décroissance « tendancielle pérenne »

Tout bon politique ou économiste argumentera autour du différentiel d’inflation, des chocs pétroliers des années 70 après près de 30 ans de croissance, puis de la récession économique de 2008, puis de la crise des « subprimes » de 2008 et de la crise des dettes souveraines de 2012, mais nous avons surmonté tout cela avec un prix du baril pétrole certes fluctuant mais à des prix abordables…

Nous avons eu nos années Pompidou avec les derniers grands programmes industriels notamment l’indépendance énergétique avec le nucléaire civil, le programme Ariane, le supersonique Concorde, le ferroviaire avec le TGV, etc. tout en développent une politique sociale forte.

Et puis…. Nos fleurons industriels se sont peu à peu vendus pour des raisons diverses ; l’ensemble de nos élites politiques, de nos économistes et des chefs d’entreprises ont opté pour une société orientée vers le Service au détriment de l’Industrie en général, avec les conséquences actuelles que nous connaissons tous, dont une dépendance quasi-totale au monde extérieur …

Et si nous demandions enfin des comptes à ces dirigeants qui ont fait les mauvais choix pour d’obscures raisons, à ces politiques qui, pour certains, sont dans une opposition systématique et n’ont de vision que leur propre réélection, à cette politique de comptes publics financée par le déficit public, à ces syndicats qui n’ont pas encore quitté le monde de la lutte des classes, ou à ces économistes qui ne savent plus à quel Saint se vouer et jouent soit les « Cassandre », soit les « Nostradamus » pour être certains d’avoir, un jour, raison, etc… ? Heureusement, nous avons eu de Grands Hommes qui ont compris que la construction européenne pouvait être l’ultime rempart aux erreurs, à la médiocrité, à l’inconscience et l’inconsistance de tous ces acteurs, directement ou indirectement responsables de cette décroissance économique…

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La paranoïa, justifiée ou pas, de la télésurveillance

Shira Ovide, qui tient une intéressante rubrique « Tech » dans le New-York Times, interroge Paul Mozur, un spécialiste de la Chine, sur la machine de surveillance qu’on soupçonne s’être mise en place à Hong-Kong face aux opposants.

On extrait :

Shira : Quelles étaient les inquiétudes des manifestants de Hong Kong concernant la surveillance numérique ?

Paul : Ils cherchaient à éviter d’être suivis par les forces de l’ordre, bien que l’on ne sache pas très bien ce que faisaient les autorités. Les gens se couvraient de manière obsessionnelle avec des masques, et ceci avant le coronavirus. Les manifestants évitaient d’utiliser des cartes de métro qui étaient liées à leur identité. Pour perturber la surveillance, les manifestants détruisaient toutes les caméras de sécurité qu’ils pouvaient, et certains ont pointé des lasers sur les caméras de la police.

On soupçonnait la police de filmer chaque manifestation pour identifier les gens grâce à un logiciel de reconnaissance faciale et les cibler. Il n’a pas été démontré de façon concluante que cela se produisait. Mais les Hongkongais ont pris des mesures extrêmes parce qu’ils avaient peur du gouvernement chinois d’à côté et de son utilisation de la technologie pour surveiller et intimider les gens.

S : Comment les manifestants ont-ils utilisé la technologie ?

P : Il y avait des canaux de protestation sur Telegram pour identifier les officiers de police qui semblaient trop agressifs pendant les manifestations. Certaines personnes ont affiché publiquement des informations personnelles sur les policiers ou leurs proches, dans un acte connu sous le nom de doxxing. Dès le début, les policiers avaient retiré leurs badges d’identification, ce qui a été le moteur de la campagne de doxxing.

[…]  Les deux camps ont mené une guerre de surveillance, et ont essayé de déplacer l’avantage de la surveillance vers eux-mêmes et de couper l’autre côté. Mais à ce jeu, les manifestants ont été généralement dépassés.

S : Comment cela se compare-t-il à ce qui se passe aux États-Unis ?

[Il n’y a pas la même paranoïa.] Mais si nous commençons à voir les manifestants ici devenir si effrayés qu’ils portent tous des masques, ou qu’ils ne se rendent pas aux manifestations parce qu’ils sont inquiets des scanners de plaques d’immatriculation, ou qu’ils n’utilisent pas de cartes de crédit, ce serait le signe qu’ils ont perdu confiance dans les systèmes juridiques conçus pour protéger leur vie privée. C’est ce qui s’est passé à Hong Kong.

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Les créanciers privés doivent prendre leur part

Le ton monte entre les bailleurs et les enseignes commerciales en ce moment : quid d’un moratoire sur les loyers commerciaux ?

C’est l’histoire du commerce de Bertrand qui menace de laisser le rideau à jamais fermé face à l’évanouissement de sa clientèle. Un gros poste de dépense, c’est le loyer, de l’ordre de 20% du chiffre d’affaires selon les zones pour un bail commercial.

Il y a trois solutions :

1- le gouvernement fait des prêts avantageux à Bertrand pour qu’il puisse payer le loyer à Edmond son propriétaire. C’est bien, mais il faudra rembourser le prêt, alors que le chiffre d’affaires évanoui l’est à jamais. C’est in fine Bertrand qui paie.

2- le gouvernement verse une somme forfaitaire à Bertrand pour qu’il paie Edmond, ou la verse directement à Edmond pour le compenser de son manque à gagner sur le loyer. C’est bien, mais in fine c’est l’ensemble de la société qui paie, y compris Bertrand et Edmond.

3- le gouvernement édicte une sorte de procédure de « défaut sans défaut », par lequel il y a un abandon sur les intérêts pendant 3 mois, le temps du confinement de l’économie. C’est bien encore, mais c’est Edmond qui paie. Que dirait-on s’il s’agissait des baux résidentiels, où ce sont des particuliers qui sont bailleurs ?

Le dit Edmond est en général une société d’investissement ou un fonds immobilier, c’est-à-dire des professionnels qui sont payés pour prendre des risques et qui ont des rendements en conséquence. L’arrêt de l’économie est un risque, comme l’est toute récession. Au nom de quelle logique financière l’État devrait-il distribuer des polices d’assurance-crédit gratuite aux investisseurs financiers quand une récession se profile ? Perdre trois mois de loyer fait partie des risques de cette activité.

Bien sûr dira-t-on, le dit Bertrand est parfois une chaine aussi puissante que Les Galeries Lafayette ou Flunch. Et alors ? Bien sûr dira-t-on aussi, un défaut a normalement une suite judiciaire, très coûteuse, qui donne des garanties légales au débiteur comme au créancier. Oui, mais une guerre virale est comme une guerre, il y a force majeure. Il serait donc normal que le gouvernement édicte des règles ultra-simplifiées qui imposent l’abandon pour les petits commerces (ce qu’il a fait pour les petits commerces de moins de 10 personnes) et pour les autres une obligation de négocier le montant du rabais, au bas mot avec moratoire des paiements.