L’inflation en France est en forte hausse depuis le début de l’année
Deux indices de prix permettent de suivre l’évolution de l’inflation des prix à la consommation en France, l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) – établi selon une méthodologie harmonisée pour permettre des comparaisons entre pays de la zone euro et de l’Union européenne – et l’indice des prix à la consommation (IPC) – plus communément utilisé en France. Le glissement annuel (g.a.) de l’IPCH s’élève à 2,7 % et celui de l’IPCH hors énergie et alimentation à 1,7 %, selon les données provisoires de septembre. Ces données ainsi que celles du mois d’août sont conformes aux projections d’inflation de la Banque de France publiées début septembre, pour lesquelles seule l’inflation de juillet était connue. L’inflation en France reste ainsi inférieure à celle de la zone euro, dont le g.a. se situerait en septembre à 3,4 % pour l’IPCH total et à 1,9 % pour l’IPCH hors énergie et alimentation. Autre fait notable, la hausse des prix des produits manufacturés est particulièrement élevée avec un g.a. de 0,8 % sur l’ensemble du 3e trimestre, comparé à une moyenne de 0,0 % sur les années 2010-2020.
L’inflation de l’IPC est d’ordinaire légèrement inférieure à celle de l’IPCH, de 0,15 point en moyenne, mais l’écart s’est sensiblement accru depuis le deuxième trimestre 2021. L’inflation IPC s’élève en septembre à 2,1 %, très en dessous de l’inflation IPCH à 2,7 %. Cette différence provient notamment du poids plus élevé dans le panier de l’IPCH de l’énergie (en contrepartie d’un moindre poids des dépenses de santé, car l’IPCH ne prend en compte que les dépenses à la charge des assurés, et non celles remboursées ou payées par l’assurance maladie), dont le prix est en forte hausse.
Ces chiffres posent la question d’un retour durable de l’inflation. L’évolution de celle-ci dépendra d’une double dynamique, avec des horizons temporels différents. La hausse actuelle est très certainement temporaire même si elle peut durer encore plusieurs trimestres. Elle reflète une normalisation après le creux de 2020 ainsi que la hausse du prix de l’énergie et des biens manufacturés. À plus long terme, la reprise économique devrait permettre une remontée plus durable de l’inflation du niveau général des prix et des salaires.
L’inflation élevée en 2021 s’explique en partie par une normalisation après sa forte baisse de 2020
En France, le redressement de l’IPCH depuis le début de l’année reflète en partie des effets de base sur l’énergie et les services, par nature temporaires. En 2020, le prix du pétrole avait connu une forte baisse. Parallèlement, les mesures de restriction sanitaire avaient entrainé une baisse de la consommation et des prix des services, en particulier des services privés tels que les transports et l’hébergement. Prendre ces niveaux de prix très bas comme référence pour calculer l’évolution des prix produit mécaniquement un glissement sur un an dynamique. L’effet de base sur l’IPCH total se voit lorsque l’on compare le glissement sur un an avec le glissement sur 2 ans en rythme annualisé (figure 2) : au 3e trimestre 2021, l’IPCH a augmenté de 2,2 % par rapport au 3e trimestre 2020, mais seulement de 1,3 % en rythme annualisé depuis le 3e trimestre 2019, soit un rythme proche de la tendance pré-Covid.