D’une récente étude de la New York University portant sur 200 pays, il ressort que la valeur «travail» a une place prépondérante en France. En revanche, à la question « Etes-vous motivé au travail ? », la France arrive quasiment en dernière position (les raisons sont variées : trop de rigidités managériales, pas de vision à long terme de sa carrière, pas de possibilité de progresser, pas de responsabilités données par son superieur…).

La compétitivité, dont on ne cesse de parler, devrait remotiver nos compatriotes. Mais cela passe par une remise en question et un renforcement du dialogue social !

Le chantier est colossal et tout le monde est concerné : salariés, employeurs, administrations publiques, collectivités régionales et territoriales, Etat…

Notre pays vit depuis trop longtemps avec l’idée que l’évolution sociale vient « d’en haut » – alors qu’elle doit être le fruit d’un dialogue multiparties où chacun pourrait apporter ce qu’il y a de meilleur pour tous. Le droit du travail, pléthorique, a une part de responsabilité non négligeable dans la pauvreté du dialogue social hexagonal : il empêche un dialogue serein et limite celui-ci à un debat trop souvent juridique. De plus, le desert syndical dans lequel vivent la plupart des TPE françaises (qui représentent 92 % des entreprises en France selon une etude de l’OCDE) ne favorise pas ce dialogue : le taux de participation aux élections professionnelles organisées fin 2012 ne s’est élevé qu’à 10 % !

Le commissaire général à l’investissement, Louis Gallois, ne s’y est pas trompé puisqu’il émet dans son désormais célèbre pacte sur la compétitivité française de novembre 2012 trois propositions, sur 22, allant dans le sens d’une amélioration du dialogue social. L’intégration de salariés avec voix délibératives dans les conseils d’administration ou de surveillance de certaines entreprises (2e proposition), la création d’un commissariat à la prospective en tant que lieu d’expertise et de dialogue social (proposition n° 3) et, enfin, la 22e proposition, préconisant d’autoriser les entreprises qui le souhaitent à faire présider leur comité d’entreprise par un représentant des salariés. Tout cela démontre bien que l’amélioration du dialogue social est une préoccupation des autorités politiques et économiques.

L’accord national interprofessionnel signé le 11 janvier 2013 par les principales organisations syndicales – patronales comme salariales – corrobore ces constats. Il tente, notamment, de renforcer l’information délivrée aux salariés et aux représentants du personnel et propose de donner le droit à une période de « mobilité volontaire sécurisée » aux salariés.

Cet accord, avant même qu’il ne donne lieu à un projet de loi, est déjà contesté ! C’est dire le chemin qu’il nous reste à parcourir.

II a pourtant le mérite d’être une ouverture à l’amélioration du dialogue social. C’est en effet par petites touches que ce dernier va se construire.

Car le dialogue social est une réalité que personne n’a le droit d’ignorer ; il est urgent d’en prendre conscience ! Il est nécessaire a la compétitivité de l’entreprise et, implicitement, au mieux-être de tous – en particulier des salariés. Il commence dans la vie quotidienne et se caractérise par un respect et une compréhension mutuels. C’est par une meilleure communication, tant en interne qu’avec les partenaires de l’entreprise, qu’un véritable dialogue social s’instaurera. Une autre tentative d’amélioration du dialogue social se retrouve dans les propositions du pacte de Louis Gallois : les propositions 14, 15 et 16 relatives à la formation professionnelle. C’est une belle idée de partenariat entreprise/organismes de formation permettant de répondre au mieux, et de façon agile, aux attentes des entreprises en termes de recrutement. II n’y aura de véritable dialogue social qu’à partir du moment où chacun acceptera de remettre au centre de ses préoccupations le capital humain : soyons-en tous convaincus ! Nous, directeurs financiers, avons aussi notre responsabilité dans l’amélioration de ce dialogue. Le « choc de compétitivité » ne passera que par un « choc du dialogue social » ; la crise actuelle – qui, en réalité, est plutôt de l’ordre d’un changement de civilisation – nécessite homogénéité de la société et dialogue social de qualité : il n’est que temps de s’y atteler !

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Contribution originale de la DFCG pour Option Finance.