À quelques semaines des élections présidentielles, les enquêtes de conjoncture font état de signes encourageants quant à la reprise de l’économie. Il ne faut toutefois pas se leurrer. Si la France a vraisemblablement échappé à une récession en ce début d’année, la croissance devrait rester anémique sur tout le premier semestre, voire même au-delà.

Le climat des affaires s’est sensiblement amélioré en mars. Certes, l’activité passée a été plutôt décevante. Mais, les chefs d’entreprises sont désormais un peu plus optimistes et les ménages plus confiants. Les prochaines élections ne sont probablement pas étrangères à ce regain de confiance. Cette situation a souvent été observée lors des précédentes campagnes présidentielles. Il s’en suit généralement un retour des indices à leurs niveaux « d’avant-campagne » peu de temps après.

Malgré le rebond des indicateurs avancés, ceux-ci n’en demeurent pas moins largement en deçà de leur moyenne de long terme. En outre, on ne perçoit pas, pour l’heure, d’amélioration en vue sur le marché du travail. Le chômage croissant, associé à une inflation portée par l’envolée du prix du pétrole, pèse sur le pouvoir d’achat des ménages et freine leur consommation. Sans l’arme budgétaire pour soutenir l’activité (déficit oblige), la tâche du futur Président s’annonce ardue.

En ligne avec les dernières enquêtes de conjoncture, notre baromètre témoigne d’un regain de confiance chez les dirigeants finance-gestion. Ces derniers sont nettement plus nombreux qu’en février à avoir atteint leur résultat prévisionnel. Leurs préoccupations se sont d’ailleurs reportées sur le développement, l’investissement et le recrutement, au détriment de la maîtrise des charges. Malgré tout, la part des sondés déclarant n’avoir pas atteint leur résultat prévu reste importante et les sociétés qui réduisent leur budget d’investissement et qui resserrent leurs effectifs de l’équipe finance sont toujours plus nombreuses que celles qui les élargissent.

La campagne présidentielle est un terrain idéal pour débattre des problèmes structurels de l’économie et d’y proposer des solutions. Pourtant nos dirigeants finance-gestion jugent à la quasi-unanimité (92%) que ni le programme de Nicolas Sarkozy ni celui de François Hollande ne sont à la hauteur des enjeux pour le pays.

Nos sondés s’inquiètent fortement de l’état des finances publiques. Ils jugent à 52% que l’assainissement des comptes devrait être au centre de la campagne présidentielle. En effet, confronté à un déficit public encore abyssal (5,2% du PIB en 2011), le prochain Gouvernement devra porter un nouveau budget de rigueur pour rassurer les créanciers et éviter une remontée des taux d’emprunts publics. Or, les candidats sont peu bavards sur leurs stratégies d’économies. La majorité de nos dirigeants (61%) préconise une réduction des dépenses pour résorber le déficit. En vérité, la situation est telle qu’il faudra jouer à la fois sur les dépenses et les recettes, donc sur des hausses d’impôts ! 38% de nos sondés l’ont clairement compris.

Le « trou » de la sécurité sociale a atteint un record en 2010 et s’est réduit 18Md€ l’an dernier, ce qui reste colossal. Les candidats à l’investiture suprême ont tous intégré dans leur programme la nécessité de maitriser les dépenses sociales, mais nos dirigeants finance-gestion n’en semblent pas convaincus. 66% d’entre eux voudraient voir davantage de propositions pour résorber ce déficit. En réalité, les vraies solutions sont impopulaires et ne sont donc pas avancées en période électorale : hausse des cotisations et/ou baisse de certaines prestations sociales.

La compétitivité de la France est un autre thème crucial, pourtant maladroitement abordé lors de cette campagne. Pénalisée par un coût du travail excessif (l’un des plus forts au monde), la France se désindustrialise depuis 20 ans, avec les conséquences que cela entraine en termes d’emplois. Nos sondés ont les idées claires quant aux moyens de redresser la compétitivité. Pour 51% d’entre eux, il faut avant tout alléger le coût du travail en réduisant les charges sociales, principe notamment défendu par Nicolas Sarkozy avec la TVA « sociale ». Pour 27%, il faut surtout renégocier le temps de travail. En effet, les 35 heures ont accru le coût d’un salarié et ont échoué à soutenir l’emploi. Face à cet échec et à la nécessité de redresser la compétitivité de nos entreprises, il apparaît judicieux de redéfinir un temps de travail plus en phase avec les réalités économiques du pays.

 

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Article conjointement publié dans Option Finance.