François Lenglet, ancien directeur de La Tribune et de BFM Business, aujourd’hui éditorialiste à France 2 et chroniqueur au Point et à RTL, considère que la phase actuelle de mondialisation, née dans les années 1980, touche à sa fin. L’utopie d’une planète unifiée par le libre-échange et régie par les marchés n’a plus cours. Le nationalisme et le protectionnisme des peuples et des États sont de retour. Les politiques n’hésitent plus à protéger leur économie, à jouer sur leur monnaie et à procéder à des dévaluations compétitives.

 

Les entreprises elles-mêmes mettent le pied sur le frein de la mondialisation en relocalisant leurs chaînes de production. La renationalisation de la finance est également à l’œuvre. Les banques de la zone euro ont réduit leurs prêts internationaux de 3000 milliards de dollars depuis 2007. Elles ne cessent de vendre leurs actifs étrangers, notamment les dettes souveraines, pour se recentrer sur leurs territoires et sur la dette publique nationale. La renationalisation de la finance est un phénomène mondial. Les BRIC voient à leur tour déserter les capitaux internationaux. Le capital étranger est plus volatil et peureux que l’épargne nationale. Un pays largement financé par l’épargne nationale est protégé, comme l’est le Japon malgré sa dette énorme.

Pascal Lamy, ex-directeur de l’OMC, déclarait en avril 2013 à Genève que la menace du protectionnisme est plus forte qu’elle ne l’a jamais été depuis le début de la crise financière de 2007. Comme si la fatigue de la mondialisation et le déclenchement de la crise étaient synchrones. Le multilatéralisme, c’est-à-dire la conduite de négociations planétaires impliquant les 159 pays de l’OMC, n’avance plus.

Une autre manifestation de ce retournement idéologique est la détermination nouvelle dont font preuve les gouvernements pour traquer la fraude fiscale, l’évasion et l’optimisation. Les citoyens eux-mêmes tolèrent de moins en moins ces pratiques, fussent-elles légales, profitant de la liberté de circulation des capitaux et des différences de réglementation d’un pays à l’autre. Tous les États sont en train de reconstruire leur arsenal de protection.

A l’évidence le libre-échange à pris un coup sérieux dans l’aile. Pour combien de temps ? Est-ce un mouvement durable, voire irréversible ?

 

Auteur : François Lenglet
Éditions : Fayard
broché, 264 pages (21,4 x 13,6 x 2,6 cm)
Prix : 15 €
ISBN/EAN : 2213678103 /978-2213678108