La reine des abeilles …et celle des fourmis
Tinrent un jour conseil pour vaincre un ennemi
Qui était à la porte de leurs deux Etats.
Il était temps, bien temps que l’on se concertât !
La ruche était touchée, la fourmilière aussi
Sur tout le continent ça sentait le roussi !
Pour ne pas affoler les populations
On ne prononça pas le mot d’inflation.
On écouta l’expert, on rappela l’Histoire,
Mais pour agir ensemble, c’était une autre histoire !
Les fourmis, c’est connu aiment les bas de laine
En cela elles sont comme leur souveraine.
Elles tinrent cachés leurs trésors amassés.
Dans cette conjoncture, alors, les apidés
Agirent autrement : la royale gelée,
Richesse de la ruche fut tôt dépensée :
On acquit des essaims, on construisit des nids
Et on vit dépérir le peuple des fourmis
Assis sur ses trésors réduits presqu’à néant,
Poussé à la famine, allant récriminant :
Pas de quoi acheter le moindre puceron,
Mouches, vers, vermisseaux, tout ça valait bonbon !
La solde était menue qu’on versait aux guerrières
Et parcimonieux le gain des ouvrières.
Virgile connaissait les faiseuses de miel
Disait qu’elles devaient leur savoir faire au ciel
Que du divin génie une infime parcelle
Avait certainement germé dans leur cervelle.
Quand les autres mouraient, elles, elles prospéraient :
Les ouvriers œuvraient, les gardiennes gardaient…
Là on ne chômait pas, la reine gouvernait
Sur un peuple serein, repu et satisfait
Tandis que les fourmis pleurant leur bas de laine
Complotaient et s’armaient contre leur souveraine.

Moralité :
Cet ennemi qui guette aux portes des états
S’il est bien légitime qu’on le redoutât
Evitons cependant les frayeurs inutiles
Imitons les abeilles…et relisons Virgile !