Le 4 Mai 2009, la FED rendra publics les résultats des stress scénarios « What if? » auxquels la banque centrale américaine a soumis les 19 banques américaines qui détiennent plus de 100 milliards d’actifs.

L’audit visait à jauger l’étendue des besoins en fonds propres des établissements bancaires suivant une gamme de situations économiques potentielles. On imaginerait aisément que cet examen a pour but :
– soit de connaître les besoins complémentaires en fonds propres des banques auditées afin de quantifier l’évolution des normes prudentielles (on rappelle que Bâle 2 n’est pas appliqué aux Etats-Unis) et de préparer les investisseurs aux augmentations de capital nécessaires ;
– soit d’estimer à normes constantes et donc à fonds propres constants, la quantité de fonds que la FED pourrait être amenée à injecter dans le secteur bancaire SI la crise empirait.

Ce serait méconnaître, l’importance du lobby anti-réglementation aux Etats-Unis. En effet, les résultats de l’audit serviront les desseins d’un plan différent de ceux présentés plus haut. Il s’agira de savoir quelle quantité d’argent « frais » devra être investie tout de suite par le contribuable américain pour rassurer sur la solvabilité du système bancaire. En d’autres termes, non seulement on n’applique pas Bâle 2 (qui prévoit la réalisation annuelle de stress scénarios) et ce serait un pas vers une démarche de transparence mondiale bancaire en ligne avec le G20, mais on ne change pas des normes américaines dont la réalisation même de l’audit montre l’obsolescence. Toutefois, ces normes étant insuffisantes, l’urgence semble telle que la FED envisage les renforcements de fonds propres dans des délais courts.

Après un tel constat de carence règlementaire et en ligne avec le si consensuel G20 de Londres, on aurait pu attendre des autorités américaines un geste plus positif dans le sens de l’amélioration des réglementations bancaires… Non seulement, cela ne sera pas le cas, mais pire, il s’agit d’un pas en arrière substantiel car en paraphrasant un aphorisme déjà mentionné sur ce blog : « quand les normes sont franchies, il n’y a plus de normes » !

Il n’est pas certain que ce message, dans son principe, soit favorablement perçu par les investisseurs et les prêteurs, et favorise le retour à la confiance et à l’augmentation des échanges interbancaires que chacun estime nécessaire à la sortie de crise. Malgré le nouveau recours aux « poches profondes de la FED » !

Dominique Chesneau