Le développement durable devient une « ardente obligation » pour les actionnaires et les dirigeants des entreprises. Cet impératif à la fois social, environnemental et économique, introduit une nouvelle forme de management paradoxal. Les dirigeants des entreprises (et leurs DAF) doivent intégrer une création de valeur financière immédiate pour leurs actionnaires et une création de valeur globale et durable pour leurs diverses parties prenantes. La levée de cette contradiction leur impose de maîtriser des concepts et des usages éclectiques relevant des champs économique et juridique, mais également sociologique, environnemental et éthique. Les référentiels sont en effet de natures et d’origines diverses ; ils émanent à la fois des organisations internationales (notamment l’ONU, l’OCDE, l’Organisation Internationale du Travail, les autorités européennes…), des pouvoirs publics nationaux (notamment, la loi française sur les Nouvelles Régulations Economiques de mai 2001), des organismes certificateurs universels ou nationaux (concepteurs des normes ISO 9000, 14 000 et 26000, OHSAS 18001, AA 1000, SA 8000…), des fédérations professionnelles, des agences de notation sociales, des cabinets de conseil, des observatoires sociétaux et des laboratoires de recherche.

 

L’alignement des décisions et des comportements des managers sur ces référentiels implique une reconfiguration des processus et des systèmes de gouvernance, de management stratégique, d’organisation des activités et de pilotage des performances globales et individuelles dans l’entreprise. Face à ce foisonnement normatif, les dirigeants des PME désireux d’engager une stratégie socialement responsable, doivent répondre à des questions et gérer des priorités relatives aux enjeux, aux orientations stratégiques, aux portefeuilles de projets, aux modes de gouvernance, de pilotage, de reporting… de leurs actions en faveur du développement durable. La plupart des référentiels et des guides publiés depuis les années 1990, par les organismes publics et privés, sont destinés aux groupes industriels et aux sociétés cotées en bourse, et sont difficilement applicables par les PME.

 

C’est pourquoi, dans le cahier technique « responsabilité de la PME et reporting sociétal » qui vient de paraître, le groupe de travail « RSE » de la DFCG – que j’ai le plaisir d’animer – s’est efforcé de répondre aux 40 questions majeures que se posent les DAF et les contrôleurs de gestion des PME, en leur proposant une méthode à la fois pragmatique et progressive, inspirée, d’une part, de la démarche du « triple bottom line » d’Elkington, qui distingue les trois champs du développement durable (social et sociétal, environnemental, économique et gouvernance), et d’autre part, de la « roue de Deming », qui adopte une démarche d’apprentissage continu en quatre phases (PDCA) : Plan (définition d’une stratégie et d’un plan d’action), Do (mise en place des processus prioritaires), Check (définition d’un tableau de bord), Act (diagnostic et actions correctrices).

 

Les observations et les compléments au cahier technique formulés sur ce blog par les membres de la DFCG, seront pris en compte dans le futur ouvrage collectif qui sera publié sur ce thème.