Sans même évoquer le risque de nouveaux chocs majeurs, le risque de liquidité des entreprises reste souvent significatif et s’est, dans de nombreux cas, accru depuis 2007 ; les banques (en nombre plus réduit) ont des réticences plus fortes à les financer directement. En outre, des échéances très importantes de lignes bancaires sur la période 2012-2014, conséquence des refinancements massifs à sept ans en 2005-2007, pourraient peser sur le marché bancaire, même pour les entreprises bénéficiant des meilleures notations de crédit.

Ainsi vient d’être lancé le projet « CFA » (Corporate Funding Association) visant à offrir une option pérenne de diversification des financements aux entreprises, par la création d’une centrale de financement à statut bancaire, soumise au contrôle de la Commission Bancaire. Chaque membre apporterait le capital réglementaire qu’il mobilise, en fonction de sa notation et de la taille de sa ligne confirmée. Plusieurs mécanismes originaux de fonctionnement, un objet restreint et une gestion conservatrice des risques, assoiront la confiance des membres et des marchés financiers envers CFA, lui assurant ainsi les meilleures conditions de refinancement en toutes circonstances.

Le bénéfice pour les entreprises participantes serait double :
– une diversification des sources de financements ainsi qu’une assurance liquidité en période de crise, CFA ayant un large accès aux marchés financiers et pouvant recourir aux opérations de refinancement de la BCE grâce à son statut bancaire et à la nature de ses actifs ;
– une réduction économique du coût de financement car l’excédent de marge de crédit réalisée par CFA par rapport au coût du risque revient aux membres par les dividendes.

L’objectif est d’être opérationnel début 2011, avec au moins une centaine de coopérateurs. A ce stade, le projet s’adresse aux groupes non financiers de taille « mid-cap » à « blue chip », dont la qualité de crédit intrinsèque est « investment grade ». Le projet, lancé initialement par un groupe de grandes entreprises françaises et internationales, est porté par une équipe de trois anciens banquiers sous la supervision d’un comité stratégique dont font partie, parmi d’autres, Christian de Boissieu (professeur des Universités, Paris Panthéon Sorbonne), Gérard de la Martinière (président du comité des finances du Medef, ancien directeur général des finances d’AXA), Emmanuel Hau (ancien directeur général délégué d’EDF et de la SNCF) et Sylvain de Forges (directeur risques et marchés de Veolia Environnement, ancien directeur général de l’Agence France Trésor).

Cette initiative intéressante et novatrice entreprend maintenant la phase de définition du cadre opérationnel de ses activités et de ses règles de fonctionnement. A compter du 27 janvier 2010, l’équipe projet constituera, avec les futurs « membres-actionnaires-clients » adhérents, des groupes de travail thématiques afin de définir en commun les modes opératoires de CFA. La DFCG s’y intéresse particulièrement. Ce n’est pas tous les jours qu’apparaît un nouvel acteur bancaire, et il n’est jamais inutile pour les directeurs financiers qu’un peu plus de concurrence veuille s’introduire sur le marché du financement (d’autant que la crise a, à ce jour, plutôt réduit la concurrence bancaire qu’elle ne l’a accrue, en raison des nombreuses fusions d’institutions bancaires, dont la dernière importante en France).