Tiré d’une excellente étude de l’OCDE (Measuring the Digital Economy, A New Perspective, 2014), le graphique ci-dessous reporte les taux de pénétration de l’internet dans les pays couverts par l’organisme. Et ceci de façon dynamique, en montrant la croissance de la pénétration entre 2006 et 2013. La progression est considérable : de l’ordre de 20 points en moyenne sur la totalité des pays du graphique – voir le bâtonnet rouge (pardon, cher lecteur : il faut des petits yeux pour y lire les pays).

 

On a envie de faire dire quelque chose au graphique. Alors disons-le. La faible pénétration internet ne serait-elle pas révélatrice de phénomènes plus profonds. Par exemple, l’Italie, qui connaît mine de rien sa décennie perdue en termes de croissance et de dynamisme économique. Elle est quasiment en queue de classement, suivie uniquement par la Turquie et le Mexique. Est-ce à dire qu’elle souffrirait seulement de l’euro et de la compétition déloyale (déloyale comme toute compétition, bien-sûr !) de l’industrie allemande ? C’est peut-être tout un environnement économique et culturel qui semble être absent.

Il y a deux pays qui ont connu sur la période une croissance stupéfiante : le Chili et, oui !, la France. De l’ordre de 35 points, jusqu’à une pénétration de 70 % pour le premier ; 37 points pour le second, atteignant 82 %, loin encore des pays nordiques ou plus encore de l’Islande, en tête du classement. Là-bas, la pénétration internet va finir par rejoindre la pénétration des frigos ou des télés.

Et un pays étonnant, les États-Unis : une pénétration relativement médiocre et surtout qui progresse assez peu. Médiocre pour un tel pays : 78 %. Peut-être doit-on avec ces chiffres convenir qu’il y a certes Boston, la Bay Area, Stanford, la Silicon Valley, où la pénétration doit vouloir dépasser les 100 % ; et il y a un tout autre pays, où les taux doivent être singulièrement bas. Les analystes politiques se sont à l’envi chargés de trouver des corrélations entre le vote Trump et tout ce qu’on peut imaginer comme caractéristiques socio-ethnico-économico-culturels. On suggère modestement ici un travail pour un jeune étudiant en sciences politiques, celui de coller la carte de la pénétration d’internet avec celle du vote Trump.