Bezos et Zuckerberg : ambiance !

On parle beaucoup de réguler les GAFAM et, plus encore, de les casser sachant leur poids croissant de monopoles. On pourrait penser que face à cette menace, ils tendent à s’unir. Pas du tout. Par exemple, Apple introduit dans son nouveau système d’exploitation des mécanismes qui vont rendre plus difficile à Facebook de tracer à des fins publicitaires les utilisateurs de iPhone (Google y répugne pour son système Android parce qu’il n’en a pas franchement intérêt). Du coup, Zuckerberg râle.

Mais voici que s’ouvre un second front. Jeff Bezos, lors d’une conférence où participaient tous les grands tycoons de la tech, a dit : « Il m’apparaît que les médias sociaux sont des machines à tuer toute nuance, et je ne pense pas que ce soit bien pour la démocratie. » Il paraît que Zuckerberg était dans la salle. Par pudeur, les caméras n’ont pas zoomé sur lui.

 

Juan-Carlos et Corinna : ambiance !

Les déboires de l’ex-roi Juan-Carlos font la une des journaux people, par exemple de Semana en Espagne. Un des aspects les plus croquants est la mistoufle que lui a fait subir sa belle maîtresse, Corinna Larsen, pardon, Princesse Corinna zu Sayn-Wittgenstein-Sayn, nom qu’elle a su garder après son divorce avec le Prince Casimir zu Sayn-Wittgenstein-Sayn.

En fait, Corinna arrive à tout garder. Elle nous rappelle l’histoire qu’on attribue à la grande Zsa Zsa Gabor, qu’un ami interroge après son 7ème divorce. « Dis-moi, Zsa Zsa, tous ces divorces ? Es-tu vraiment une bonne maîtresse de maison ? ». Ou plutôt, dans la langue d’origine : « Are you really a good housekeeper ? » À quoi Zsa Zsa répond : « I’m a fantastic house keeper, I always keep the house when I divorce ! ».

Bref, Juan-Carlos recevait de toute part des commissions plus ou moins troubles, notamment un 100 M$ venu de la monarchie d’Arabie Saoudite. Afin de masquer au fisc et à la justice espagnole une somme de 65 M$, il a fait de Corinna son prête-nom à Monaco, où Corinna résidait alors, avant qu’elle ne préfère Londres où elle a acheté un petit home de 7 M£ acheté avec le magot. Car oui, Corinna a gardé le magot. Affaire en cours pour qu’elle le rende, mais à qui ?

C’est de l’histoire récente, mais aussi de l’histoire ancienne. Les lecteurs de Vox-Fi sont aussi des lecteurs sympathiques d’une revue universitaire, Comptabilité(S), très ciblée sur l’histoire de la comptabilité. Dans un article documenté, La comptabilité pour mieux communiquer : l’étrange cas romain, Comptabilité(S) 2014|6, Gérard Minaud rappelle le cas évoqué par Maxime Valère d’un riche romain trahi par ses amours mérétrices.

Dans les premières décennies du Ier siècle p. C., Valère Maxime rappelle, de façon plus discrète que Cicéron, l’autorité accordée aux livres de comptes. Ses propos visent d’abord la mésaventure survenue à un riche Romain entretenant un commerce libidineux avec une femme. Atteint d’une grave maladie et craignant une issue fatale, cet homme voulut transmettre à sa maîtresse une grosse somme d’argent s’il venait à mourir. Agissant ainsi au détriment de ses propres héritiers, plutôt que de trahir ouvertement sa passion par un testament modifié à la vue du Styx, le malade préféra qu’une dette fût portée à son encontre sur les livres de comptes. Par bonheur pour lui, il se remit de sa maladie, mais la belle réclama la somme devant les tribunaux en se fondant sur les livres de comptes ! (in Valère Maxime, Faits et dits mémorables, VIII, 2, 2.)

 

Un SWIFT chinois, pour se libérer de la tutelle américaine ?

On a vu la désolante impuissance de l’Union européenne face aux États-Unis quand Trump a déchiré les accords sur le nucléaire longuement négociés entre l’Iran et les grands pays de ce monde. L’UE réprouve ce gâchis et la méthode retenue mais est infichue de maintenir ses liens commerciaux avec l’Iran. Mêmes les entreprises européennes qui n’ont aucun intérêt aux États-Unis sont menacées dès lors qu’elles utilisent le dollar et donc, directement ou indirectement, le système financier américain. C’est le privilège policier du dollar.

Une brèche peut-elle s’ouvrir du côté des Chinois ? Ils sont les premiers à avoir lancé une monnaie numérique banque centrale, déjà en usage dans quatre villes du pays. (Sur le sujet, voir dans Vox-Fi « La problématique de la monnaie numérique banque centrale »). Mais surtout, ils mettent progressivement en place depuis 2015 un Cross-Border Interbank Payment System, qui a le potentiel de remplacer tout à fait SWIFT, le système de paiement interbancaire hégémonique dans le monde, qui est de fait intégré au système financier américain.

Cela peut-il, comme l’indique cet article de Project-Syndicate, donner des idées à certains pays, genre Cuba, Vénézuela, Iran ou Corée du Nord ? Pourquoi ne pas passer au renminbi chinois pour leur règlements internationaux ? Il y en a bien qui utilisent le bitcoin. Ou, dans un autre genre, il y en a bien qui tentent de se soustraire au système GPS en matière de géolocalisation, pour ne pas risquer de se voir couper le robinet. L’UE a mis en place son système, le Royaume-Uni et la Chine bientôt pareil, dans une jolie pagaille céleste avec tous ces satellites qui tournent en rond.

Eh bien, ne faut-il pas également avoir la pleine maîtrise de sa monnaie dans ses usages internationaux, et donc avoir son propre SWIFT ? Il paraît qu’on appelle cela la « déglobalisation ». Disons la « picrocholisation ».