Le premier graphique de Vox-Fi, tiré d’un document de janvier 2015 du réassureur Munich Re, montre la hausse tendancielle de la fréquence des événements climatiques porteurs de pertes depuis 1980 : c’est vrai pour les températures extrêmes, sécheresse, feux de forêts (en orange), pour les dégâts hydrauliques (inondation, glissement de terrains, barres en bleu) et pour les tempêtes (barres en vert). En gros, un doublement sur la période. Seuls les sinistres liés aux tremblements de terre, tsunami et activités volcaniques restent d’une fréquence à peu près identique au cours des 35 dernières années : ce sont les seuls qu’il est difficile de rattacher au changement climatique en cours.

Graphique 1 : Fréquence des sinistres dans le domaine climatique, 1980-2014, en nombre.

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Le second graphique, issu du même document, montre le cout de ces événements pour l’industrie de l’assurance. Il y a en gros un triplement sur la période et non un doublement, parce qu’à la hausse de fréquence s’ajoute la hausse de la sévérité, à la fois parce les événements sont plus extrêmes, mais aussi parce que la population s’accroît, notamment dans les zones en danger, que les patrimoines s’accroissent également, et enfin parce que les acteurs économiques se protègent davantage par recours à l’assurance.

Ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour les assureurs, si jamais ils arrivent à capter les primes d’assurance en proportion de ces sinistres accrus. Mais on note aussi une volatilité beaucoup plus grande de la sinistralité, ce qui requiert de leur part de s’adosser à des fonds propres de plus en plus importants. De plus, comme la composante humaine de ces sinistres (habitat dans des zones exposées, densité urbaine, etc.) s’accroît – et donc rend de moins en moins « naturelles » ces catastrophes naturelles –, le rôle des assureurs devra être de plus en plus de faire de la prévention et d’obliger les autorités et les particuliers à intérioriser toujours davantage le risque naturel dans leurs décisions et leurs comportements.

Graphique 2 : Montant des indemnités versées par l’industrie d’assurance suite à des dommages dans le domaine climatique, 1980-2014, en Md$.

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Cet article a été publié sur Vox-Fi le 6 avril 2016.