Et si pour donner de la valeur aux stock options qu’elles attribuent, les sociétés offraient à leurs salariés bénéficiaires le choix entre stock et cash ?

Les stock options répondent à un double objectif :
– fidéliser les bénéficiaires qui ne seront pleinement détenteurs des droits à souscrire, qu’au bout d’une certaine période dite de vesting, des actions de la société ou du groupe auquel ils appartiennent ;
– les intéresser à l’évolution favorable de la valeur de leur entreprise.

Mais les stock options sont confrontées à une double difficulté :
– de nombreux salariés considèrent les stock options comme de véritables billets de loterie : les évolutions boursières de ces vingt dernières années se sont en effet accompagnées de gains très erratiques et aléatoires selon les dates d’attribution des plans et d’ouverture des périodes d’exerçabilité ;
– la valeur attribuée aux stock options est éminemment variable d’une personne à une autre et du coup pas nécessairement convergente entre l’émetteur et les bénéficiaires. Le décalage entre le coût pour l’émetteur et l’avantage perçu par le bénéficiaire peut enlever tout attrait aux stock options et le priver de son caractère fidélisant.

Le législateur cherche depuis de nombreuses années à faire converger la fiscalité des stock options avec celle des rémunérations classiques et tâtonne laborieusement notamment parce que l’appréciation du cadeau fait au salarié est diversement perçue. François Meunier, dans un post récent intitulé Pourrait-on mieux taxer les stock options ? Certainement oui, demandait fort justement une fiscalité lisible pour les stock options. Mais une juste fiscalité doit s’appuyer sur une juste évaluation du revenu fiscalisé. Or, comme je l’ai expliqué récemment, je suis convaincu que les stock options, mal appréhendées par les comptables, sont surévaluées et représentent du coup en IFRS lors de leur émission des charges injustement gonflées pour l’émetteur et en contrepartie des revenus surévalués pour les bénéficiaires (cf. à ce sujet mon texte Quand une mauvaise gestion comptable influe sur l’évaluation : l’exemple des stock options).

Offrir l’alternative entre des stock options ou tout ou partie de leur valeur initiale sous la forme d’un revenu différé, permet à la fois pour ceux qui choisissent les stock options de mesurer la valeur de ce qui leur est offert et pour ceux qui choisissent la somme en cash de combler leur aversion au risque. Et il suffit de conditionner la perception à terme de la somme fixe à la présence pour conserver l’objectif de fidélisation de cette attribution.

Et au-delà de l’intérêt pour l’émetteur et les bénéficiaires, le comptable, le fisc, les actionnaires et d’une manière général tout acteur intéressé à connaître les charges de la société liées aux rémunérations bénéficieraient ainsi de nouvelles données objectives.