Un jeune trader de mes amis me disait l’autre jour : « la fête est finie ! ». Devant ma surprise, il m’explique le pourquoi d’une ambiance plutôt gloomy ces derniers temps dans les salles de marché. Certes, les bonus seront encore copieux cette année. Certes, nous dit l’Autorité bancaire européenne au terme d’une enquête publiée dans son dernier rapport, 177 banquiers ont été payés plus de 1 M€ en France en 2012 (et 2.714 au Royaume-Uni !). Mais le cœur n’y est plus.

 

Ce n’est pas tant à cause de cette nouvelle affaire qui éclate, celle d’une manipulation suspectée sur le marché des devises. Disons les faits, parfaitement rappelés dans cet article du 6 novembre du Financial Times. On croyait que ce marché ne pouvait pas faire l’objet de trucages, tant il est énorme, plus de 5,3 Tr€ journellement, avec des dizaines de milliers d’intervenants ! On savait le marché de l’eurodollar vénéré par les économistes comme l’icône d’une concurrence pure et parfaite, s’il en existe jamais! Eh bien non, manipulation il y a eu ! Notamment parce que beaucoup de transactions se font sur base d’un taux de change déterminé à une heure fixée, qu’on appelle le « fixing », la Bible absolue étant celui de 16h à Londres. Il suffit d’un peu de collusion entre quelques traders de banques importantes, lors du after-hour beer, pour opérer des ventes à des clients privés à ce taux de référence quand au même moment un taux plus bas pourrait leur être appliqué, la différence allant dans la poche de la banque, avec bien-sûr une quote-part au banquier. Ou encore, dans la marche vers ce fixing, aux alentours de 16:00 h, on diffère toute transaction qui afficherait un prix plus bas que celui qu’on veut afficher, de sorte que le fixing est surévalué, pour là encore faire transacter les niais et les gogos à un prix trop élevé. Une taxe bonus, en quelque sorte. Sept grandes banques sont ainsi aujourd’hui dans la ligne de mire du régulateur, et bientôt du juge. Ce qui, ajouté à l’affaire de la manipulation du Libor, cette référence sur les marchés de la dette, pourrait remettre en question les rémunérations au bonus dans la banque.

 

Non ! Pas trop d’inquiétude là-dessus, il est compliqué de changer les modes de rémunération.

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La raison du spleen de mon trader, c’est tout simplement qu’il est en passe de perdre son job.

 

L’alerte est venue d’une pratique pourtant honnie par beaucoup des opposants aux marchés financiers, le trading à haute fréquence, le HFT pour high-frequency trading. À tort, puisque ces nouvelles techniques portent en germe, comme on va le voir, une possible amélioration de la concurrence.

 

Ce que montre en effet le HFT, c’est qu’il est possible de programmer des ordinateurs pour effectuer des ordres d’achat et de vente, y compris assez complexes, en temps réel. La machine bat l’homme, comme elle le fait déjà pour le jeu d’échecs. Il devient donc possible d’automatiser complètement les négociations sur certains actifs financiers relativement liquides comme les actions, les matières premières, les produits de taux et les devises. Peut-on organiser des collusions en programment simultanément les machines ? Sans doute, mais c’est assez compliqué, notamment si les institutions qui opèrent font l’objet d’audits occasionnels. L’homme continue à battre la machine quand il s’agit, entre deux pintes de bière, de convenir d’une embrouille, et il est plus dangereux de coder en dur la malversation dans la machine.

 

La machine pourra même prendre en compte les informations récentes du marché, et leur historique, pour tester des stratégies de trading, ce que faisaient jusqu’à présent les meilleurs des traders.

 

Notons, pour ouvrir ici une parenthèse un peu technique, qu’une règle de trading non efficiente, qui pouvait pourtant fonctionner et rapporter de l’argent quand les opérateurs – tous humains – opéraient au gré de leur psychologie individuelle ou collective, risquera fort d’être mise en défaut quand elle sera remplacée par des algorithmes automatisés qui le plus souvent rechercheront ou plutôt se contenteront d’un simple arbitrage des prix. On peut conjecturer que non seulement le marché sera moins ouvert aux tripatouillages, qu’il fonctionnera de façon plus économique parce que nettoyé de sa taxe bonus, mais qu’en plus il sera plus efficient, au sens de la théorie des marchés efficients. Le récent billet de Vox-Fi écrit par Gilles Saint-Paul [référence], explique cela assez bien. Le débat est ouvert, bien entendu, les sceptiques faisant valoir que cette automatisation est porteuse de risques de type nouveau, d’ordre systémique, si jamais les algorithmes se ressemblent tous et réagissent de façon simultanée à tel événement externe, sans la diversité brouillonne des humains. Mais la marche du progrès technique est en route, ne serait-ce que pour des raisons de productivité.

 

Mon jeune trader, qui opère sur les marchés obligataires, est un intuitif. Ces débats techniques le lassent vite. Mais comme tout bon trader il sent bien les choses. D’où son spleen. Il se disait dans les salles de marché qu’il était trop triste d’être un vieux trader, et qu’il fallait devenir riche avant. Il est probable désormais qu’il n’y ait plus de vieux traders. Non qu’ils soient devenus riches : ils seront partis vers Pôle-Emploi.