Shell soumet son plan Zéro émissions nettes de carbone en 2050 au vote de ses actionnaires

Si de plus en plus de groupes annoncent des plans pour réduire leurs émissions nettes de carbone à zéro en 2050, y compris dans l’utilisation de leurs produits qu’en font leurs clients, peu comme Shell incluent les émissions des produits négociés par sa division de trading ; et encore moins le soumettent aux votes de leurs actionnaires. Si l’issue du vote ne fait pas de doute, le vote permet d’associer les actionnaires à la stratégie suivie, de l’ancrer solennellement dans la durée et de creuser l’écart dans la perception des investisseurs vis-à-vis de concurrents qui auront du mal à prendre un tel engagement rapidement (les pétroliers américains, Aramco, etc.). Comme en Europe, la moitié des investisseurs dit suivre des critères ESG dans leur choix de portefeuille, il est important de ne pas être dans les 15 ou 20 % derniers d’un secteur qui seront éliminés du champ des sociétés investissables pour plus de 50 % des investisseurs.

 

Lire aussi : Quelques commentaires sur la déclaration d’économistes américains sur les dividendes carbone

 

La lettre annuelle de Warren Buffett

Nous y avons trouvé trois réflexions intéressantes d’un point de vue financier :

Toujours aussi bluffante, la comparaison depuis 1965 de la performance annuelle moyenne d’un placement dans l’indice boursier (10 % par an) et dans son holding d’investissement (20 %), qui conduit dans le premier cas à une multiplication par 235 du patrimoine investi et par… 28 106 pour les investisseurs qui ont fait confiance à Warren Buffett en 1965. Il n’y a pas de coquille, vous avez bien lu par 28 106, soit 120 fois plus que pour un « simple » doublement de la performance annuelle. C’est la puissance des intérêts composés dans la durée, ici 55 ans.

Il est vrai que traiter ses actionnaires comme des partenaires et associés, et non des clients à qui on facture des commissions de gestion et éventuellement de performance, change beaucoup de choses en termes de gouvernance et d’incitations.

Une analyse détaillée du mécanisme et des conséquences sur le patrimoine des actionnaires des rachats d’actions auxquels s’est livré Berkshire Hathaway en 2020. Nous ne sommes pas des inconditionnels des rachats d’actions. Nous pensons que c’est un outil stupide pour les entreprises qui sont capables de trouver régulièrement des investissements rapportant plus que leur coût du capital, et un outil pertinent pour celles qui n’y arrivent plus. Comme il se trouve que le cash s’accumule dans Berkshire, de l’ordre de 140 Md$ placés en bons du Trésor américain, soit 24 % de la capitalisation boursière, sans que ses gestionnaires ne trouvent des investissements pertinents, 25 Md$ ont été rendus aux actionnaires en 2020, à charge pour ceux d’entre eux qui ont ainsi vendu leurs actions de faire mieux que l’équipe de Warren Buffett.

Enfin, une analyse des performances financières des conglomérats, qui est à la fois une défense et une illustration du mode d’investissement de Warren Buffett. Comme les entreprises qui excellent dans leur secteur, pensez par exemple à L’Oréal, Apple ou l’Air Liquide, n’ont aucune envie de perdre leur indépendance, un conglomérat est condamné à acquérir des entreprises de second ordre, et donc à ne pas être le meilleur véhicule d’investissement que l’on puisse imaginer. Alors que Berkshire Hathaway peut prendre des participations minoritaires de nature financière et de longue durée dans ces créateurs massifs de valeur. Ainsi, la participation de 5 % dans Apple acquise depuis 2016 pour 31 Md$ et qui en vaut aujourd’hui 120 Md$.

 

Quand la cupidité se conjugue avec l’incompétence

Vous avez la situation d’un certain nombre d’entités publiques allemandes qui avaient déposé 500 M€ de leur trésorerie auprès de la banque Greensill, car contrairement aux autres banques allemandes, Greensill Bank ne facturait pas les dépôts à – 0,5 %. Mais comme cette banque est maintenant en faillite et que les dépôts des entités du secteur public déposés auprès des banques du secteur privé ne sont plus couverts par le système public de garantie des dépôts depuis 2017, c’est probablement autant d’argent disparu à jamais. Bref pour économiser 0,5 % par an, certains ont pris le risque de perdre 100 % du capital.

Ne répétera-t-on jamais assez que, lorsqu’une banque rémunère les dépôts au-dessus du taux du marché, ce n’est pas pour vous faire plaisir, mais c’est parce qu’elle n’arrive pas à s’endetter au prix du marché, et donc qu’elle présente un risque plus élevé. Pas besoin d’en faire l’analyse financière, ni de vérifier son rating, FUYEZ ! Quand le taux de l’argent sans risque est à – 0,5 %, tout ce qui rapporte au-dessus, y compris à – 0,2 % contient une part de risque plus ou moins importante. C’est dans le Vernimmen depuis plusieurs décennies.

Un prix spécial à la ville de Monheim, Rhénanie du Nord-Westphalie, 42 000 habitants, et 38 M€ déposés auprès de Greensill Bank…

 

Des mêmes auteurs : Des levées de fonds record en 2020 malgré la crise

 

Cet article a été publié dans la lettre Vernimmen du mois de mars. Il est repris par Vox-Fi avec due autorisation.

 

📰 Inscrivez-vous à la newsletter hebdomadaire Vox-Fi envoyée le vendredi 👉 www.voxfi.fr