Amundi Institute, récemment créé par le leader européen de la gestion d’actifs financiers, a pour ambition de renforcer le conseil, la formation et le dialogue sur la finance de marché — et notamment sur la « finance verte » — auprès de ses équipes de gestion et de ses réseaux d’intermédiaires. Avec ses six plates-formes internationales, Amundi gère plus de 2000 milliards d’euros d’encours, en faisant appel à des pratiques de gestion active et passive (coté ou non coté), monétaire et alternative. La nouvelle ligne de métier d’Amundi publie notamment les résultats de recherches originales réalisées en partenariat avec des établissements universitaires prestigieux. Deux études récentes méritent plus particulièrement l’attention des DAF et des responsables ESG des entreprises.

La première recherche [1] porte sur l’impact des « chocs ESG » sur les rendements boursiers des entreprises, de leurs fournisseurs et de leurs clients. Un « choc ESG » sous forme de chute de cours, est provoqué par la divulgation publique d’un non-respect significatif des normes ESG. Une analyse empirique des cotations des actions américaines, montre que ces chocs sont intégrés en quelques heures dans les cours des actions et que leurs effets sont le plus souvent significatifs. La diffusion indirecte de ces chocs affecte également les rendements boursiers et les activités des principaux clients et fournisseurs, mais ces effets prennent plus de temps (quelques jours) et sont moins prononcés. L’impact est plus fort pour les entreprises de petite taille et pour celles bénéficiant d’une moindre couverture médiatique. Les effets sont plus prononcés depuis 2017, en raison, selon l’auteur de l’étude, de l’attention accrue des investisseurs à l’égard de la durabilité des entreprises

Le deuxième article [2] analyse l’impact de la diffusion des performances ESG sur la gestion de la chaîne d’approvisionnement des entreprises. Le chercheur observe les changements opérés dans les supply chains mondiales des entreprises nord-américaines, à la suite de l’application des nouvelles normes ESG dans différents pays. L’étude révèle que l’obligation de communiquer sur leurs performances ESG conduit une majorité d’entreprises à sélectionner un plus grand nombre de fournisseurs implantés dans des pays où l’application de la réglementation relative aux ESG est plus faible ou plus opaque. Les résultats de l’enquête montrent que l’obligation d’informer sur les ESG incite un nombre croissant d’entreprises à se soustraire à leurs obligations en matière d’ESG et/ou à les dissimuler en transférant les risques ESG à leurs fournisseurs. De telles stratégies sont justifiées par des contraintes de coûts et par la crainte de réactions de la part des investisseurs et des actionnaires en cas de notation ESG négative affichée par des fournisseurs ou des sous-traitants.

Ces premières recherches démontrent donc que les nouveaux référentiels ESG (ISSB et EFRAG) et la communication de leurs performances ESG par les entreprises, ont des effets à court terme sur les rendements boursiers de l’ensemble de leurs écosystèmes et des impacts durables sur leurs pratiques d’externalisation à l’échelle mondiale.

 

[1] ESG News Spillovers across the Value Chain, Guillaume Coqueret, EM Lyon, 2022.

[2] Migration of Global Supply Chains: A Real Effect of Mandatory ESG Disclosure, Hai Lu, University of Toronto, 2022.

 

Cet article a été initialement publié sur Vox-Fi le 5 juillet 2023.