Le jeudi 30 mars 2023, le Président de la République a dévoilé un plan environnemental axé sur une gestion durable et concertée de l’eau. Ce plan comprend 53 mesures visant à promouvoir la sobriété dans l’utilisation de cette ressource, à optimiser sa disponibilité et à garantir sa qualité. En effet, la disponibilité de l’eau renouvelable en France métropolitaine a diminué de 14 % en moyenne annuelle entre les périodes 1990-2001 et 2002-2018, entraînant des restrictions d’usage touchant plus de 30 % du territoire depuis 2017. Chaque année, la France prélève 32,8 milliards de m³ d’eau douce dans la nature, dont 51 % sont destinés au refroidissement des centrales électriques, 16 % à l’alimentation des canaux, 16 % à la production d’eau potable, 9 % aux besoins agricoles et 9 % aux processus industriels.

Ce plan vise une réduction des prélèvements d’eau de 10 % à l’horizon 2030. Toutes les filières économiques – et notamment les entreprises – devront présenter un « plan de sobriété ».

Le premier axe du plan concerne l’industrie, dont le taux de réutilisation de l’eau n’est que de 1 % alors qu’il est supérieur à 10 % dans la plupart des autres pays européens. Cette faiblesse s’explique en France par un cadre règlementaire trop contraignant, mal perçu par l’ensemble des industriels. Le Ministère de la Santé empêche ces derniers de réutiliser leurs eaux usées. Mais le retard français s’explique surtout par les coûts élevés et les difficultés de financement des investissements en équipements de traitement et de recyclage des eaux après usage, comme fluide thermique, eau de lavage ou agent de fabrication (solvant ou matière première). Dans les trois cas, les industries sont incitées à réaliser des économies d’eau, de produits de rinçage, d’additifs…, et ainsi, de limiter les risques de pollution des sols et des nappes phréatiques, et donc, de porter atteinte à leur image d’entreprise responsable. Le plan prévoit une tarification progressive de l’eau afin d’encourager les investissements et un ensemble d’aides financières, notamment en faveur des sites industriels à fort potentiel de réduction des effluents.

Le second axe du plan porte sur la réduction des fuites dans les canalisations, sur la réutilisation domestique des eaux usées et sur l’amélioration du stockage dans les sols, les nappes et les ouvrages (mises aux normes de stations d’épuration, curages de retenues, entretien de canaux).

Enfin, le troisième axe du plan vise à prévenir les pollutions des milieux aquatiques et à renforcer la protection des aires de captage. Il devrait favoriser l’agroécologie et l’agriculture biologique dans ces zones, et soutenir les pratiques agricoles économes en eau.

Afin de mieux informer les entreprises et les collectivités locales, Météo-France a lancé le portail DRIAS-Eau, qui permet d’explorer pour la France métropolitaine les projections régionales de la disponibilité en eau jusqu’en 2100. Ce portail permet de visualiser l’évolution locale des ressources en eau suivant l’évolution future du climat. Les données hydrologiques s’alignent sur les scénarios élaborés par le GIEC. Le portail a été développé dans le cadre du projet européen LIFE Eau&Climat, coordonné par l’OiEau, qui intègre les premiers résultats du projet Explore2, piloté par INRAE et l’OiE, portant sur des simulations des débits de l’ensemble des cours d’eau du réseau métropolitain.

 

Cet article a été initialement publié sur Vox-Fi le 8 juin 2023.