Intégrer les enjeux de la durabilité suppose de repenser le business model et la stratégie des organisations. Le contrôle de gestion, en tant qu’instrument privilégié de leur déploiement, a un rôle à jouer dans cette transformation. Des outils tels que le tableau de bord du développement durable, le budget vert se développent afin de mieux piloter la performance durable (ou globale) des organisations. De même, de nouvelles compétences (sociales et environnementales) sont attendues des contrôleurs de gestion pour éclairer les décideurs privés comme publics.[1]
Chose peut-être rare, l’État français est considéré par l’OCDE comme un pionnier en matière de budgétisation environnementale. L’État n’est pas le seul à s’être mis en mouvement et, comme en témoigne ce dossier, les collectivités, acteurs clés de l’investissement public, évoluent vers un pilotage budgétaire sensibles aux enjeux environnementaux.
La performance publique s’est toujours distinguée de celle des entreprises par la primauté des objectifs extra-financiers, la pluralité et l’orientation à long terme des critères de performance à prendre en compte. D’une certaine manière, la performance globale est un retour aux sources pour les organisations publiques, qui ont peut-être une expérience à partager avec les entreprises qui se tournent de plus en plus massivement vers l’ESG.
En effet, ce dossier montre bien que les entreprises doivent elles aussi contribuer aux objectifs de développement durable et intégrer désormais les dimensions sociales et environnementales dans leurs démarches de reporting. Les nombreuses obligations et normes de reporting de durabilité ne sont pas étrangères à ce mouvement : lois NRE, Grenelle, directives européennes NFRD, CSRD, normes ESRS, ISSB, GRI, ISO…
De l’élargissement du pilotage à l’enrichissement du reporting, ce dossier tente une approche systémique de la performance durable et questionne l’évolution du métier de contrôleur de gestion. Il croise les regards des chercheurs, des praticiens, du public, du privé avec au fond une problématique commune : comment amener les décideurs à intégrer les externalités dans leur processus de décision ?
Bonne lecture !
[1] A. Renaud et N. Berland (2023), « Repenser le métier de contrôleur de gestion face aux enjeux de la responsabilité sociale de l’entreprise » in A. Renaud, Y. Bernard, A. Bonache, K. Burkhardt-Bourgeois et J. Vignal. Mutations sociétales et organisations, Éditions Management & Société (EMS).