Continuer l’activité dans la crise

La pandémie de Covid-19 et les mesures prises par les autorités pour y faire face – confinement, couvre-feu, interdiction de déplacements entre région ou entre pays … – ont installé les organisations dans une gestion de circonstances exceptionnelles dans la durée. Elles ont connu des crises à répétition, évènements imprévus survenant de façon soudaine et radicale, et ayant un impact majeur sur leurs modes de fonctionnement habituels.

Avant cette pandémie, nous avions déjà connu les accidents industriels tels que l’incendie de Lubrisol à Rouen en septembre 2019 ou l’explosion d’AZF à Toulouse en 2001, les attentats qui se sont intensifiés depuis une quinzaine d’années … Avec les changements climatiques et le développement des nouvelles technologies d’une part, l’accroissement des interconnexions physiques et virtuelles (flux d’information, de marchandises et de personnes, réseaux de télécommunication, trafics maritime et aérien …) d’autre part, notre société est devenue de plus en plus vulnérables à l’aléa.

Pandémie, attentat, accident, cyber-attaque, tempête, crue, inondation… les phénomènes auxquels nous sommes exposés sont de plus en plus nombreux et les conséquences qu’ils engendrent ont des impacts démultipliés.

La gestion de crise n’est plus une simple procédure théorique ou un exercice d’entraînement. Elle devient une pratique régulière à laquelle tous les acteurs doivent être préparés. Si elle concerne en premier lieu les opérationnels dont l’activité est empêchée, tous les acteurs ont un rôle à jouer dans la gestion de la crise ou de ses conséquences : ressources humaines, communication interne et externe, relation clients…

Pour les acteurs de la finance d’entreprise et du contrôle de gestion, cela questionne sur les actions de préservation à mettre en place notamment en termes de systèmes d’information financiers ou de trésorerie. Cela amène également à s’intéresser aux risques couverts et à la façon dont doivent être montés les dossiers d’assurances.

Le sociologue allemand Ulrich Beck définissait le monde post-moderne dans lequel nous sommes comme une « société du risque ». Nous constatons au fil du temps que les risques sont de plus en plus prégnant, leur fréquence de survenance augmente, leur ampleur s’étend, leur gravité s’accroît. D’une société du risque nous sommes passés dans une société des crises. Il ne s’agit plus seulement de chercher à se prémunir des risques mais de vivre avec leurs conséquences. La gestion de crise devient une compétence nécessaire au fonctionnement de nos organisations.

Dominique Hello montre bien que les parades aux situations de crise de trésorerie se préparent par l’exploitation de modèles de prévision, par la restructuration constante du Fonds de roulement et du besoin en fonds de roulement. Il montre également que, à condition de bien les préparer, de nombreuses sources de financement alternatif existent. L’essentiel est de prévoir les incidents et de se doter d’une organisation flexible et auto-apprenante. Comme le met en évidence Minh Chau Pham, les cyber risques sont également une menace majeure pour toutes les organisations. Bien au-delà, la cybersécurité est un enjeu pour la survie d’organisations complexes telles la CNAM et suppose la mise en place de règles de gestion affectant toute l’organisation. Mais les cyber-attaques ne sont pas les seuls évènements nécessitant de se préoccuper des données personnelles comme nous le rappelle Olivier Iteanu. Enfin, si des inventaires réguliers des risques doivent être menés pour actualiser les procédures, il est important également de préparer les personnes à faire face à l’incertitude et à être en capacité de gérer une crise, souvent en transgressant ces mêmes procédures.